ALERTE AUX EFFETS SECONDAIRES - L'Infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017

 

ONCOLOGIE

ACTUALITÉS

COLLOQUES

Véronique Hunsinger  

Retour sur les rôles de l’IDE dans la gestion des effets indésirables des immunothérapies lors des 20es Rencontres infirmières en oncologie, qui se sont tenues à Paris le 27 mars.

Si la déferlante des traitements en immunothérapie offrent de nouvelles perspectives dans plusieurs cancers - dont le mélanome avancé et les cancers du poumon, du rein et de la vessie -, ces nouvelles thérapeutiques ont également un impact direct sur le travail des IDE en oncologie. « L’immunothérapie permet des rémissions longues voire des possibilités de guérison tout en améliorant la qualité de vie du patient, a rappelé le Pr Christophe Borg, oncologue au CHU de Besançon (25), lors de la 20e édition des Rencontres infirmières en oncologie (RIO), organisées par l’Afic(1). Mais ce sont des traitements qui ne marchent pas sur tous les patients et nous devons continuer à essayer de comprendre pourquoi. » Un enjeu où les infirmières sont en première ligne.

Signal d’alerte

Elles le sont encore plus dans la détection des effets secondaires qui sont différents de ceux de la chimiothérapie ou des thérapeutiques ciblées et qui peuvent conduire à la nécessité d’arrêter le traitement en cours de route. « Le rôle de l’IDE est d’informer le patient sur les effets secondaires, a décrit Kristell Thomas, infirmière coordinatrice à l’Institut universitaire du cancer de Toulouse (31). Nous leur remettons un livret ainsi qu’une carte qui identifie leur traitement et qui est à garder dans leur portefeuille. On envoie également un courrier à leur médecin traitant. » Certains effets indésirables (sensations de chaud, de froid, nausées) se manifestent de manière précoce et peuvent imposer un arrêt de la perfusion. D’autres effets secondaires, notamment des syndromes grippaux, peuvent apparaître dans les 48 heures ; ceux-ci doivent s’estomper à l’aide de paracétamol. Notons également que plus les effets secondaires sont tardifs, plus ils sont difficiles à traiter. « Sous chimio, quand un patient se plaint de fatigue, on sait que c’est normal, a souligné le Pr Borg. En revanche, sous immunothérapie, c’est vraiment un signal d’alerte qui appelle une réponse immédiate. » De même, une toux ou des diarrhées peuvent être le signe d’effets secondaires graves. « Pour sécuriser l’administration des immunothérapies, nous donnons un numéro de téléphone destiné au patient mais aussi à son médecin traitant, a complété Kristell Thomas. Il reste que ces effets secondaires, dans ma pratique, ne concernent que 5 % des cas. » Une tolérance et une qualité de vie supérieure aux chimiothérapies sont constatées par les infirmières.

En quête de protocoles

Ce rôle d’anticipation des effets secondaires par l’IDE est également primordial en hôpital de jour. L’infirmière y a « un rôle majeur dans l’accompagnement du patient à l’hôpital et au domicile, dans l’optimisation et la qualité des soins et la gestion de l’intercure » a insisté Delphine Duranthon, IDE en hôpital de jour en hématologie au CHU de Montpellier (34), un service qui compte trois IDE de soins, une IDE de coordination et une IDE administrative. « On insiste beaucoup pour que le patient nous appelle immédiatement en cas d’effets secondaires pendant la perfusion, a indiqué Delphine Duranthon. C’est aussi un moyen de le rendre acteur de son traitement. » En l’absence de médecins en permanence à l’hôpital de jour, les infirmières souhaiteraient disposer de protocoles pour pouvoir réagir encore plus rapidement aux effets secondaires. Une demande qui n’a pas encore été suivie par l’équipe médicale.

1- Association française des infirmier (e)s de cancérologie.

ONCOPÉDIATRIE
Les pratiques avancées en Suisse

En Suisse, même s’il n’existe pas encore de cadre légal pour les infirmières de pratique avancée, leur rôle est bien établi.?En effet, depuis 2000, la faculté de Bâle propose un master et un doctorat en la matière. Maryline Bovero, infirmière de pratique avancée (IPA) aux Hôpitaux universitaires de Genève, a ainsi travaillé sur le parcours de l’enfant atteint de leucémie.

« Il y a quatre priorités pour les IPA : la consultation d’annonce, la gestion de la maladie et la préparation de la sortie, la coordination et la continuité des soins, et l’accompagnement de l’enfant et sa famille. »

Elle a notamment créé une consultation en amont de celle du médecin pour « identifier les nouveaux besoins en santé et permettre une continuité des soins ». Elle réalise également une consultation pré-anesthésie avant les ponctions lombaires et prépare le retour de l’enfant à l’école en lien avec l’infirmière scolaire.