UNE RECHERCHE QUI A DU CHIEN - L'Infirmière Magazine n° 381 du 01/04/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 381 du 01/04/2017

 

CANCER

ACTUALITÉS

FOCUS

Sophie Komaroff  

La détection canine pour le dépistage précoce du cancer est à l’étude. Les premiers résultats sont prometteurs.

Une équipe de soignants, de chercheurs et d’experts cynophiles sont réunis autour du projet clinique Kdog, sous la houlette d’Isabelle Fromantin, infirmière et docteur en sciences et ingénierie à l’Institut Curie. Objectif : mettre au point et valider scientifiquement une technique de reconnaissance olfactive des cellules cancéreuses par des chiens renifleurs. En pratique : utiliser l’odorat canin pour détecter un cancer chez un patient, y compris à des stades précoces grâce au flair de l’animal. Pour cela, deux bergers belges malinois ont été formés pendant 6 mois au repérage de l’odeur des cellules cancéreuses, lors d’une phase dite de preuve du concept. Pour l’heure, les travaux se concentrent sur le cancer du sein. « Il suffira à une femme de porter un morceau de tissu pendant quelques heures sur son sein avant de l’envoyer à un laboratoire où les chiens passeront au test du dépistage », indique Isabelle Fromantin. Mais l’enjeu à terme est la détection de tous les types de cancer. Un nouvel outil diagnostique peu onéreux qui pourrait être proposé également dans les pays émergents.

Le 21 février dernier, Isabelle Fromantin et le Dr Séverine Alran ont présenté, devant l’Académie nationale de médecine, les premiers résultats scientifiques attestant de la fiabilité du projet. Le résultat des deux chiens participant aux tests de détection des échantillons atteint 100 % de réussite. Prochaine étape : une phase d’étude clinique de trois ans (2018 à 2021) qui reposera sur une sélection de 1 000 femmes volontaires et quatre chiens.

Crowdfunding

Les travaux de thèse sur les plaies et la cicatrisation du cancer du sein d’Isabelle Fromantin sont à l’origine de Kdog. Ceux-ci s’intéressent aux composés organiques volatils, olfactifs en particulier, des plaies du cancer. Isabelle Fromantin a donc constitué une équipe de soignants et de pathologistes (Institut Curie), de chimistes et d’experts cynophiles autour du projet. Ce dernier est également citoyen et participatif : associations, anciens patients ou bienfaiteurs se mobilisent aussi. Une campagne de crowdfunding a permis, en 2016, de récolter 80 000 €. Une somme qui a notamment permis l’acquisition des deux malinois.