Un petit coin de Paradis - L'Infirmière Magazine n° 379 du 01/02/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 379 du 01/02/2017

 

FORMATION

OUTILS

A.-G. M.  

Améliorer le suivi des patients porteurs de pompe à insuline, tel est l’objectif de Paradis(1), une plate-forme de télésuivi et de téléassistance mise en place au CH Lyon Sud.

L’idée est venue du Pr Charles Thivolet, chef du service d’endocrinologie à l’hôpital de Lyon Sud. « Il avait besoin d’être plus en lien avec les patients au quotidien et de mieux gérer le suivi des porteurs de pompe à insuline, dans un contexte de plages de consultations surchargées », explique Céline Paullin-Javon, infirmière coordinatrice du projet Paradis. Le Pr Thivolet a donc travaillé avec le service informatique pour créer une plate-forme pour le télésuivi et la téléassistance des patients sous pompe à insuline. « Dans un premier temps, le travail s’est effectué en collaboration avec la cadre de santé et l’infirmière d’éducation thérapeutique. Cela a permis de mieux connaître les besoins des patients sur le terrain afin d’adapter le programme », détaille l’IDE. Paradis a été mis en place dans le service en 2014. Actuellement, 310 patients en bénéficient, sur les 450 placés sous pompe à insuline. Pour s’y connecter, c’est très simple : côté patient, il suffit de créer un compte sur le site des Hospices civils de Lyon, myHCL. Outre la préparation des consultations médicales et la facilitation des démarches administratives, un onglet « suivi pompe » permet d’accéder à son espace. « Ce suivi s’effectue sur prescription médicale, indique Céline Paullin-Javon. Quand les patients sont hospitalisés, je passe les voir pour me présenter, leur expliquer le programme et leur montrer que derrière le PC, il y a une infirmière ! »

Des alertes en temps réel

Dans l’espace « suivi pompe », le patient peut répondre à un quiz pour évaluer ses connaissances sur la conduite à tenir en cas d’hypo- ou d’hyperglycémie. « Si ses connaissances sont insuffisantes, le programme m’envoie une alerte et je recontacte le patient pour qu’on travaille sur ces points », précise l’infirmière. Le patient peut aussi entrer tous les mois ses valeurs de glycémie et tous les trois mois son hémoglobine glyquée. « Nous pouvons ainsi accéder à ces mesures très facilement. Et en cas de souci, les patients peuvent nous transmettre un message en temps réel. Récemment, une patiente m’a par exemple envoyé un message disant “Je ne comprends pas, j’ai des hypoglycémies répétitives”. Je réponds dans la mesure de mes compétences et je renvoie les informations au médecin. Dans ce cas, je me suis rendue compte qu’elle prenait un nouveau médicament et nous avons pu régler le débit de sa pompe, tout en prévenant le médecin pour validation. De même, en cas de problème de matériel, je peux orienter vers le prestataire. » Les problèmes les plus fréquemment rencontrés sont des adaptations de doses d’insuline sur les bolus et les débits de base.

Du côté des soignants, l’avantage est double : « On peut suivre le patient quand il enregistre ses données. Et en cas de problème, on peut lui porter assistance bien plus rapidement », apprécie l’IDE. « Nous avons également un fichier de gestion des données où tous les patients sont entrés. On peut voir à tout instant où en est chacun dans sa prise en charge : doit-il rentrer une hémoglobine glyquée ? a-t-il déjà prévu une prochaine consultation ?, etc. » Un gain de temps aussi apprécié du côté des patients, « qui obtiennent une réponse beaucoup plus rapide qu’avant ».

Seule limite du programme, « les patients sans ordinateur, ou qui ont des difficultés à utiliser l’outil informatique, soit environ 10 % des patients, souvent les plus âgés. Mais nous contournons le problème avec un accompagnement téléphonique, même si c’est plus simple et plus rapide de passer par l’ordinateur », relève Céline Paullin-Javon. Prochaine étape : permettre une interaction avec tous les acteurs de santé, en ville, à l’hôpital, ainsi que les associations de patients diabétiques et les prestataires de service. « L’idée serait que tout le monde puisse interagir directement via la plate-forme », indique l’infirmière. Une avancée qui permettrait de fluidifier encore plus le parcours du patient…

1- Pompe ambulatoire Rhône-Alpes diabète à insuline.