À l’hôpital, je ne prends pas toujours le temps d’aller aux toilettes. Résultat, les infections urinaires sont récurrentes. Comment les prévenir ? - L'Infirmière Magazine n° 377 du 01/12/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 377 du 01/12/2016

 

Infections urinaires

SUR LE TERRAIN

MON QUOTIDIEN

CATHERINE DUPUY-MARIBAS  

40 à 50 % des femmes seraient sujettes aux infections urinaires au moins une fois dans leur vie. Causées par des bactéries qui pénètrent et se développent dans les voies urinaires, les infections urinaires sont souvent dues à l’Escherichia coli, une bactérie normalement présente dans le côlon, et qui peut migrer dans les voies urinaires via l’urètre. Elles se manifestent plus souvent chez les femmes, car leur méat urinaire est plus proche de l’anus et l’urètre plus court. Il existe trois types d’infections urinaires. On parle d’urétrite si elle se situe au niveau de l’urètre, de cystite si elle remonte au niveau de la vessie, et de pyélonéphrite si elle atteint les reins. Parmi les symptômes : un besoin d’uriner très fréquent, des fuites involontaires, des brûlures mictionnelles et une dysurie… Les urines peuvent être troubles, hémorragiques ou malodorantes. Le plus souvent bénignes, les infections peuvent pourtant entraîner des tableaux parfois sévères de pyélonéphrite aigüe. Le traitement repose sur l’antibiothérapie et l’élimination des facteurs favorisants. L’infection peut être causée par divers facteurs : une sous-hydratation, un essuyage d’arrière vers l’avant, une constipation entraînant la stagnation prolongée de matières fécales, une absence de miction post rapports sexuels mais aussi, tous les obstacles à l’écoulement de l’urine (calculs, tumeurs, compressions des voies urinaires…). Les facteurs hormonaux entrent également en jeu, ce qui explique la fréquence de ces infections au cours de la grossesse et après la ménopause. Certaines pathologies – diabète, paralysies, malformations ou maladies neurologiques – s’accompagnent également d’un risque élevé de stagnation des urines dans la vessie.

LES BONNES PRATIQUES

→ Boire suffisamment (de 1,5 à 2 litres d’eau par jour) pour que les urines soient moins concentrées. Tout particulièrement en été. 3 Ne pas se retenir d’uriner et aller aux toilettes le plus souvent possible.

→ Éviter les vêtements trop serrés ou les sous-vêtements synthétiques. En favorisant la transpiration, ces derniers entraînent une prolifération des microbes.

→ Uriner après chaque rapport sexuel pour chasser les bactéries qui pourraient être présentes dans l’urètre.

→ Aux toilettes, veiller à toujours s’essuyer d’avant en arrière.

→ Pratiquer une bonne hygiène intime après être allé à la selle.

→ Éviter les savons trop agressifs ou les bains moussants qui déséquilibrent la flore.

Cranberry ou pas ?

On lui a longtemps prêté des vertus préventives et curatives contre les infections urinaires.

Pourtant, la canneberge, plus connue sous le nom de cranberry, fait polémique. Ces baies contiennent des flavonoïdes, des anthocyanes et des proanthocyanidines. Ces derniers seraient capables de se fixer sur certaines bactéries responsables des cystites, les empêchant alors d’adhérer aux cellules de la vessie et de causer l'infection. Elles seraient spontanément éliminées par les voies naturelles. L’efficacité de la canneberge n’est à ce jour pas scientifiquement démontrée, mais l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail continue à suivre l’actualité scientifique sur cette question.

Et à l’hôpital 

→ L’infection urinaire est l’infection nosocomiale la plus fréquente dans les hôpitaux de soins aigus (plus de 40 %) ; entre 66 % et 86 % des infections urinaires nosocomiales sont favorisées par le sondage urinaire et les gestes endoscopiques ou de chirurgie urinaire. Les cystites sont ainsi une complication fréquente lors des hospitalisations.

→ La pose de la sonde doit se faire dans des conditions d’asepsie stricte : désinfection des mains, gants et matériel stériles… Le principe du système clos doit être mis en place (système fermé et système de vidange avec valve anti-reflux). Positionnement en déclive.

→ Un soin d’hygiène doit être effectué quotidiennement avec un savon doux médical lors de la toilette, après chaque selle et en cas de souillure.

→ Il est impératif d’évaluer quotidiennement la nécessité du maintien de la sonde vésicale.