Sur les chapeaux de roues ! - L'Infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016

 

HYGIÈNE

SUR LE TERRAIN

INITIATIVE

Laëtitia Di Stefano  

Au CHU de Poitiers, les infirmières hygiénistes, garantes du respect des protocoles d’hygiène au sein de l’hôpital, se déplacent sur tout le site à vélo. Un nouvel outil de travail qui améliore leur quotidien.

Alors, notre service est propre ? », demande en souriant une IDE du service d’oncologie gériatrique du CHU de Poitiers à Florence Sirot, sa collègue de l’unité d’hygiène hospitalière, venue ce matin-là faire des prélèvements d’eau et de surfaces. « Les résultats dans 48 heures ! », répond Florence Sirot sur le même ton complice, avant de repartir, un seau rempli de tubes et flacons sous le bras. « On est bien accueillies, confie-t-elle. Les collègues savent qu’on n’est pas là pour surveiller, mais pour travailler avec eux. » Le chargement soigneusement rangé dans les sacoches de son vélo de service, garé devant l’entrée du bâtiment, Florence Sirot repart. Ce moyen de transport atypique est bien pratique pour se rendre d’un bâtiment à l’autre de l’hôpital. D’ailleurs, le CHU compte onze vélos, répartis entre différents services : pharmacie, soins palliatifs…

« J’ai toujours mon podomètre à proximité, et dans les grosses journées, je fais facilement 10 000 pas ! », annonce Charlotte Rivassoux, infirmière hygiéniste à mi-temps dans l’unité depuis huit mois. Avec Florence Sirot, elle sillonne les services, parfois très éloignés les uns des autres. « Elles font des trajets importants et portent parfois plusieurs litres d’eau. J’ai donc demandé un vélo, qui a été accordé en février 2016(1) », explique Nicole Bernadet, cadre du service.« Ça nous facilite la tâche, soutient Florence Sirot, arrivée des urgences il y a deux ans. On perd moins de temps. » Et du temps, elles en ont peu.

Améliorer les pratiques

Le téléphone sonne en salle de pause, où les IDE déjeunent tout en faisant le point avec leur cadre. C’est le plombier. « Il voulait savoir quel robinet désinfecter, au niveau de la pédiatrie », débriefe Florence Sirot après avoir raccroché. En contact avec les différents services, elles le sont aussi avec les techniciens qui remettent aux normes les sites pointés par des analyses problématiques. Armées de flacons préparés à la demande par le laboratoire du service, et de bâtonnets pour relever les surfaces, les infirmières hygiénistes partent en mission prélèvements. « Mais ce n’est qu’une partie de notre travail », précise Charlotte Rivassoux. C’est avec leur casquette de conseillère qu’elles se rendent dans les services, « pour rappeler aux collègues les protocoles et voir avec eux comment améliorer leur pratique, insiste Florence Sirot. On ne juge pas, on accompagne ».

Cet après-midi, elles ont rendez-vous en réanimation chirurgicale pour une courte formation aux aides-soignantes sur le nettoyage des robinetteries. Sur place, l’équipe est sur les starting-block, la journée est chargée. La réunion commence donc entre deux bureaux. Mais le scope sonne, un patient vient de s’auto-extuber. « Désolée ! », s’excuse une aide-soignante en courant vers le box. La discussion reprendra sur les ajustements à faire pour que le nettoyage, le détartrage et la javellisation des robinets soient correctement tracés. « C’est important pour vous aussi », insiste Charlotte Rivassoux. Le protocole a changé avec la pose de nouveaux robinets, il faut aujourd’hui utiliser du vinaigre blanc, puis une solution désinfectante. « Ah, ça je ne savais pas », s’inquiète une autre aide-soignante. « Le protocole a seulement deux mois », la rassure Florence Sirot. La journée touche déjà à sa fin, et les deux IDE hygiénistes rejoignent leur service. À pied, cette fois. « Malheureusement, le vélo ne peut rouler qu’en extérieur ! », plaisante Florence Sirot dans un clin d’œil.

INFECTIONS NOSOCOMIALES

Surveillance accrue

L’unité d’hygiène hospitalière du CHU de Poitiers compte un laboratoire in situ. « Je l’ai créé à mon arrivée en 1982, puis il a été intégré à l’unité à sa création en 1992, indique Olivier Castel, médecin responsable du service. Aujourd’hui, on travaille sur la surveillance, les protocoles, l’audit et la formation autour des infections nosocomiales. » Le développement des antibiotiques dans les années 50 a marqué le début du déclin des mesures d’hygiène, qui sont revenues sur le devant de la scène dans les années 80, les années sida. Depuis, les moyens mis à disposition des unités d’hygiène, entre autres, ont permis de réduire de moitié le nombre de ces infections.