LA PANNE DES VOCATIONS - L'Infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016

 

DIRECTEUR DES SOINS

ACTUALITÉS

FOCUS

Aveline Marques  

Le nombre de directeurs de soin en exercice ne cesse de chuter. Pour attirer davantage de candidats, l’accès à la formation doit, entre autres, être facilité.

Ils étaient 923 en 2010 et plus que 806 en 2014. Membre de l’équipe de direction, président de la commission des soins infirmiers, de rééducation et médico-technique, jouant un rôle clé dans l’organisation, la sécurité, la qualité des soins et dans la formation paramédicale, le directeur des soins (DS) serait-il en voie de disparition ? Alertés par ce phénomène, la Fédé?ration hospitalière de France (FHF), l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et l’Association française des directeurs de soins (AFDS) ont conduit une étude pour comprendre les causes de cette désaffection.

Un corps vieillissant

Car ce sont les candidats qui font défaut : sur la période 2011-2016, moins de 55 % des postes proposés en formation à l’EHESP ont été pourvus. Accessible par concours, d’une durée d’un an, localisée à Rennes, la formation peut faire peur, d’autant plus pour un professionnel déjà en troisième partie de carrière. En effet, le DS est bien souvent un (e) IDE(1), passé (e) cadre, puis cadre supérieur (e) de santé (CSS). Étant donné les durées minimales d’exercice requises pour gravir la hiérarchie(2), les DS ont en moyenne 55,3 ans… Résultat : les nouveaux venus ne suffisent pas à compenser les départs à la retraite.

Les établissements pallient les postes vacants en recourant à des CSS faisant-fonction. « Dans le GHT du Hainaut-Cambrésis, sur les six établissements qui comptent plus de 1 000 lits, il n’y a que deux DS, témoigne Marie-Chantal Guillaume, coordinatrice générale des soins du CH de Valenciennes. Dans les autres, ce sont des cadres qui ont été positionnés. » La faible différence de rémunération entre les grades de CSS et de DS peine à convaincre les premiers à s’engager dans une formation.

Valoriser l’expérience

L’enjeu est donc de repenser l’ensemble des carrières de l’encadrement paramédical. Afin de rajeunir le corps des DS, la FHF, l’EHESP et l’AFDS souhaitent faciliter l’accès à la fonction pour les cadres de santé, en réduisant à trois ans la durée d’exercice minimale requise, contre cinq actuellement. « Le cadre de santé peut passer le concours de DS, réaffirme Stéphane Michaud, président de l’AFDS. Beaucoup pensent qu’il faut impérativement être cadre supérieur. »

Autre obstacle, l’aspirant DS doit passer deux concours : un pour l’accès à la formation, l’autre au grade. Un concours unique, qui valorise mieux l’expérience(3), serait l’idée. Augmenter le nombre de candidats passera aussi par une régulation – voire une suppression ? – du dispositif des faisant-fonction. Enfin, il faudra valoriser la rémunération des DS à un niveau équivalent des autres cadres de direction. Un impératif à l’heure où ces derniers sont appelés à jouer un rôle accru au sein de GHT.

1- 73,2 % des DS sont des femmes, contre plus de 85 % des IDE.

2- Il faut exercer au moins 5 ans en tant qu'IDE pour devenir cadre de santé, puis 5 ans en tant que cadre pour devenir DS.

3- Il s'agirait par exemple de remplacer dans le concours la note de synthèse par un cas concret.