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L'infirmière Magazine n° 369 du 01/03/2016

 

PROFESSIONS DE SANTÉ

ACTUALITÉS

FOCUS

Sandra Mignot  

À l’issue de la journée de clôture de la Grande conférence de santé, le 11 février, le Premier ministre a présenté une feuille de route en 22 points pour l’amélioration de la formation et de l’exercice des professions de santé.

Onze mois après le lancement de la concertation et 58 contributions plus tard(1), la Grande conférence de santé a été clôturée le 11 février dans l’amphithéâtre du Conseil économique et social, à Paris, à l’issue des derniers échanges entre professionnels de santé, syndicats, fédérations, ordres et autres associations de patients. Le Gouvernement a proposé une feuille de route pour les deux prochaines années.

Côté formation, il entend d’abord rapprocher davantage les instituts de formation paramédicaux de l’université. Il s’agit notamment de favoriser les passerelles entre cursus : à compter de 2017, un accès aux deuxième et troisième années des études médicales est envisagé pour les diplômés du secteur paramédical. Les prestations sociales (accès aux bourses, aux logements, aux bibliothèques universitaires, etc.) seront, elles, alignées sur la base de celles offertes aux étudiants universitaires.

Enseignants-chercheurs

Plutôt qu’une première année de formation commune, Manuel Valls a pour l’instant proposé la création d’interactions entre « futures professions tout au long de la formation initiale », sous la forme par exemple de « rendez-vous pratiques autour de cas cliniques ». « Cela permettra aux étudiants de réfléchir ensemble aux manières d’optimiser le parcours du patient, dans le secteur médical ou médico-social », a-t-il observé. Surtout, à moyen terme, ce rapprochement passerait par un transfert de l’encadrement pédagogique vers la faculté, afin de faire des formations paramédicales des formations universitaires à part entière.

Pour Manuel Valls, qui a regretté le manque de publications françaises, les soignants doivent pouvoir accéder à la recherche « sans avoir à changer de voie ». Il souhaite donc favoriser l’accès des paramédicaux aux écoles doctorales en sciences de santé existantes, et encourager le développement de nouveaux établissements. La création d’un corps d’enseignants-chercheurs pour les professions paramédicales devrait voir le jour dès 2017.

Cumul d’activités

Le Premier ministre a également annoncé la généralisation des outils numériques dans la formation initiale comme continue, assortie d’un accompagnement spécifique des enseignants à l’utilisation de ces nouveaux outils.

Concernant les pratiques avancées, la constitution d’un groupe de travail associant les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est prévue afin de définir – dans un délai de 6 mois – les champs pertinents de développement de ces pratiques, les modalités d’exercice, leur valorisation en ville et à l’hôpital, les conditions de mise en œuvre des formations concernées au sein des universités, et le calibrage territorial des effectifs concernés.

Enfin, le Gouvernement souhaite désormais faciliter l’exercice mixte des professionnels de santé. Il s’agira notamment d’autoriser le cumul d’un emploi à temps partiel à l’hôpital public et une activité libérale. Dernier point, Manuel Valls a annoncé engager une réflexion sur la protection sociale des professionnels de santé libéraux.

L’Association nationale des puéricultrices (ANPDE) s’est dite ravie des propositions et de la feuille route annoncée, attendues depuis 2012. Les puéricultrices, en attente de la réingénierie de leur spécialité, se montreront néanmoins vigilantes « face au traitement de [leur] spécialité dont il n’est nullement fait mention dans la feuille de route… ». Même satisfecit du côté des étudiants, qui se félicitent – via un communiqué de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) – des orientations annoncées en ce qui concerne l’intégration universitaire et le renforcement des prestations sociales. « La Fage sera néanmoins vigilante quant au risque de régionalisation des formations, appelée par certains acteurs, et qui constitue un véritable facteur d’inégalité de formation, ainsi qu’une fausse solution pour une régulation de la démographie des professionnels de santé. » Le Syndicat national des professionnels infirmiers s’est, lui, montré plus critique, regrettant de son côté qu’aucune actualisation du décret d’acte infirmier ne soit annoncée et que les risques posés par l’augmentation de la charge de travail infirmier ne soient pas pris en considération.

1- Parmi lesquelles celles de l’AEEIBO-Unaibode, de l’ANPDE, de l’Arsi, du Cefiec, de la Fnesi, du Snics-FSU.