LE MASQUE OU LE VACCIN - L'Infirmière Magazine n° 368 du 01/02/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 368 du 01/02/2016

 

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Clarisse Briot  

En Suisse aussi, les soignants rechignent à se faire vacciner contre la grippe saisonnière. Les Hôpitaux universitaires de Genève font exception.

Alors que la grippe nosocomiale cause chaque année le décès de 100 à 300 personnes en Suisse(1), la couverture vaccinale chez les soignants stagne. Elle n’était que de 19 % en 2013- 2014, selon l’Office fédéral de la santé publique(2). Les résistances à la vaccination sont particulièrement fortes dans les hôpitaux de Suisse alémanique. En Suisse romande, la donne est un peu différente. Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) font même figure de relatifs champions. Cet hiver, 63 % de ses médecins et 37 % de ses infirmières se sont fait vacciner.

Il faut dire que depuis la pandémie de grippe A en 2009, les soignants des HUG n’ont pas le choix : soit ils se soumettent au vaccin, soit ils portent un masque de protection durant les trois mois de l’épidémie. « Pour convaincre, nous avons mis en avant l’argument de la sécurité des patients, avec lequel tout soignant ne peut qu’être d’accord », explique Anne Iten, médecin adjointe au service de prévention et contrôle de l’infection.

Système de badge

Les HUG vont plus loin en obligeant les professionnels à porter un badge mentionnant l’option choisie, « vacciné » ou « masqué ». Cet affichage a fait polémique, les syndicats le jugeant stigmatisant et s’of?fusquant que les manquements ?puissent conduire à des sanctions administratives. En effet, la hiérarchie peut émettre un blâme. « Mais à ma connaissance, cela n’est jamais arrivé », indique Anne Iten.

Outre le respect des règles, l’épidémie de grippe elle-même est scrutée à la loupe. En 2014-2015, 24 décès liés à une grippe contractée en cours d’hospitalisation ont été recensés. « Nous menons une surveillance active, explique Anne Iten. Quand il y a des cas nosocomiaux, nous allons voir les équipes. Nous ne faisons pas “la police”, mais nous discutons avec elles pour adapter le plan de prévention de l’hiver suivant. » Ces mesures strictes améliorent, selon la médecin, les conditions de travail. « L’an dernier, alors que nous étions débordés par la grippe et la gastro-entérite, nous avons temporairement imposé le port du masque pour tout le monde, témoigne-t-elle. Les gens ont pu continuer à travailler et les programmes opératoires n’ont pas été bloqués. »

1- Selon Andreas Widmer, chef de l'hygiène à l'Hôpital universitaire de Bâle, interrogé par la presse helvète en janvier 2015.

2- Stratégie nationale de prévention de la grippe saisonnière (GRIPS) 2015-2018.