Méthodes adaptées et traçabilité - L'Infirmière Magazine n° 364 du 01/10/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 364 du 01/10/2015

 

POLYHANDICAPÉS

DOSSIER

À L’hôpital San Salvadour de Hyères, évaluation et prise en charge de la douleur sont conçues au plus près des particularités des patients polyhandicapés.

Dépendant de l’AP-HP, l’hôpital San Salvadour de Hyères (83) a été pionnier dans la prise en charge de la douleur. En particulier dans son évaluation chez les patients polyhandicapés, enfants ou adultes. C’est ici en effet qu’a été élaborée une échelle d’évaluation de la douleur – la DESS (douleur enfant San Salvadour) –, aujourd’hui utilisée dans de nombreux d’établissements. « Chez nous, le travail sur la douleur est très ancien grâce notamment à la présence de deux pédiatres très investis dans sa prise en charge, raconte Christine Bollmann-Plat, cadre supérieure paramédical et vice-présidente du comité de lutte contre la douleur (Clud). Nos patients présentent une restriction extrême de leur autonomie, mais aussi des problèmes de perception, d’expression et de communication. C’est pourquoi cette grille d’hétéro-évaluation de la douleur a été créée il y a une vingtaine d’années. » L’échelle comprend dix items : mimique douloureuse, accentuation des troubles du tonus ou des mouvements spontanés, capacité à interagir avec l’environnement ou l’adulte par exemple. La grille se décline en deux volets : un dossier de base pour caractériser la personne polyhandicapée en dehors de toute situation douloureuse et une grille de cotation qui permet de mesurer les évolutions par comparaison avec le dossier de base lors de situation douloureuse ou de modification du comportement habituel.

Des référents dans toutes les unités

En 2006, une équipe ressource douleur soins palliatifs (ERDSP) consolide le dispositif de prise en charge de la douleur, équipe pouvant intervenir auprès de l’ensemble des patients adultes et enfants. Elle comprend une infirmière ressource douleur à temps plein et une psychologue à temps partiel entourées d’autres professionnels. Dans le même temps, des infirmières référentes douleur sont désignées dans toutes les unités de l’établissement. L’infirmière ressource douleur a aussi pour mission de coordonner toutes les actions autour de la douleur et elle réunie une fois par mois la quinzaine d’infirmières référentes des unités. Ces référents participent également aux réunions du Clud/SP afin de transmettre dans leurs unités les recommandations ou les protocoles qui y ont été discutés. Un accent particulier est mis sur la traçabilité dans le dossier de soins (ouverture et fermeture des cibles) qui comprend un onglet spécifique où sont consignées toutes les évaluations de la douleur (dossier de base et échelles).

Des soins en douceur

Dans le cadre de sa politique de lutte contre la douleur, l’hôpital développe aussi des méthodes non médicamenteuses. Une formation sur la résonance énergétique par stimulation cutanée (RESC) a ainsi été mise en place. « Pour nos patients, toutes les techniques du toucher sont particulièrement intéressantes, souligne Frédérique Juignet-Woigt, infirmière ressource douleur. C’est pourquoi nous avons développé beaucoup d’actions de formation autour des techniques de massage/relaxation, de toucher relationnel et des bains thérapeutiques. »

Autre nécessité pour les patients présentant un polyhandicap ou un multihandicap : une attention portée aux douleurs induites par les soins. « Nous travaillons beaucoup sur toutes les techniques de prélèvement permettant de minimiser la douleur », précise Christine Bollmann-Plat. Dans le cas de déformations orthopédiques extrêmes, les contentions et les appareils orthopédiques peuvent provoquer des douleurs. Pour les éviter au maximum, un groupe de travail composé de médecins et de paramédicaux de l’établissement a mis au point au protocole spécial de mobilisation des patients souffrant d’une fragilité osseuse, un protocole appelé « Petit Jojo » en souvenir d’un jeune patient. Ces patients sont repérés dès le début de leur séjour dans l’hôpital : une signalétique type logo permet d’identifier le patient afin de recourir à des précautions particulières dans les mobilisations. La décision d’appliquer ce protocole est médicale et sa prescription est faite à destination du kinésithérapeute.