RENCONTRE AVEC MARLÈNE STASSEN INFIRMIÈRE DE RECHERCHE CLINIQUE (IRC), HÔPITAL RENÉ-HUGUENIN, INSTITUT CURIE - L'Infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015

 

CARRIÈRE

PARCOURS

C.F.  

“L’infirmière de recherche clinique est une personne charnière dans le bon déroulement de l’étude: les résultats obtenus peuvent dépendre de sa compétence et engagent sa responsabilité”

À son cou, un papillon orange, ailes déployées. Le pendentif en dit long sur la nature passionnée et énergique de Marlène Stassen, IRC à l’Institut Curie. Si l’altruisme la guide dans tout ce qu’elle entreprend, elle n’en reste pas moins discrète et avisée. « Ma priorité, c’est le patient. Tisser une relation d’aide et de présence est l’une des raisons qui rend le poste d’IRC que j’occupe aujourd’hui si attractif, car lors d’essais cliniques, on voit et on suit le patient dans sa globalité. » Cette empathie-là remonte à très loin. Alors qu’elle n’est encore qu’adolescente, Marlène rêve déjà de devenir infirmière. Un rêve devient réalité. Mais, elle ne sait pas encore que c’est vers la recherche clinique en cancérologie que son parcours va la mener. Une fois son diplôme en poche, en 2005, elle commence par découvrir une à une les facettes de son métier dans différents services – oncologie, hématologie, greffe de moelle osseuse – de l’AP-HP. Cinq années durant, elle ne cesse d’apprendre, d’évoluer. Mais, « il fallait que je fasse autre chose », raconte-t-elle.

→ La curiosité et le dépassement de soi la guident. Là voilà infirmière libérale, toujours à Paris. Elle s’habitue à être autonome, adaptable, découvre un autre rythme. Autant de compétences qui vont bientôt lui être indispensables. Loin de la décourager, la diversité des prises en charges et des pathologies l’enthousiasme. À l’affût de nouvelles expériences, elle change son fusil d’épaule en 2011 et entre au laboratoire pharmaceutique Abbott. Infirmière référente au niveau national pour mettre en place un médicament destiné à la maladie de Parkinson, elle se rend dans des dizaines d’hôpitaux en France, se charge, dans le cadre des études cliniques, de mises en place sur plusieurs jours, avec des traitements par sondes de gastrostomies. « J’intervenais dans les services de neurologie où je formais les médecins et le personnel soignant, dont des IDE, et j’évaluais le potentiel de patients à inclure dans l’étude, explique-t-elle. Tout cela m’a ouvert les portes de la recherche et des essais cliniques. »

→ Toujours tournée vers l’avenir, en 2012, elle repère une offre d’emploi d’IRC à l’Institut Curie. « Cela répondait à mon désir de changer de pratique, d’évoluer. » Elle saisit l’opportunité, postule, et est engagée. « J’ai appris sur le tas, notamment la rigueur et la réglementation. » Puis, l’Institut Curie lui finance un DIU IRC-TEC, à Paris-Diderot (voir encadré). Au même moment, elle est enceinte. Mais rien n’arrête cette trentenaire, passionnée de tennis et de voyages. « Ce DIU m’a apporté une reconnaissance de l’équipe avec laquelle je travaille. » Dès lors, en étroite collaboration avec les médecins investigateurs, les techniciens d’études cliniques (TEC), garants de la qualité de l’essai, et les équipes paramédicales, son rôle devient transversal. « Une vraie gymnastique entre information et reformulation du protocole au patient, organisation de la prise en charge, consultations et suivi, précise-t-elle. Une IRC a de nombreuses casquettes et c’est très enrichissant. » L’objectif étant que le traitement puisse prendre effet dans les meilleures conditions. De fait, « un patient inclus dans un essai clinique peut m’appeler aussi souvent que nécessaire par rapport à son protocole », affirme l’IRC, dont la disponibilité et l’écoute ne sont plus à démontrer.

→ À l’hôpital René-Huguenin à Saint-Cloud (92), où elle exerce, la sénologie représente un pôle majeur d’activité. C’est l’un des sites qui constituent l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie. Emblématique de la lutte contre le cancer, l’Institut Curie compte également un des plus grands centres de recherche pluridisciplinaire en cancérologie d’Europe. « La recherche, c’est l’avenir et s’y intéresser représente un plus dans nos pratiques infirmières. De plus, c’est un domaine qui permet de constamment apprendre et évoluer. Enfin, quand on a participé à l’élaboration d’un traitement qui obtient l’AMM(1), on ressent une certaine fierté et c’est d’autant plus motivant, confie Marlène. Si c’était à refaire, je ne changerais rien ! »

1 - Autorisation de mise sur le marché

MOMENTS CLÉS

2005 Diplôme d’État infirmier, Ifsi Hôpital Bichat.

2005-2010 IDE dans différents services de l’Hôpital Saint-Louis, AP-HP.

2010-2011 Quitte l’AP-HP pour le libéral, à Paris.

2011-2012 Infirmière référente pour le laboratoire pharmaceutique Abbotts.

Depuis 2012 IRC, Hôpital René-Huguenin, Institut Curie

2014 Diplômée DIU IRC-TEC, Paris-Diderot.