L’AUTRE GUÉRISON - L'Infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015

 

SOCIO-ESTHÉTIQUE

ACTUALITÉS

COLLOQUES

CLARISSE BRIOT  

Mi-avril, le 4e congrès national de socio-esthétique* a mis en lumière les bénéfices de cette pratique, tant en psychiatrie qu’en pédiatrie.

L’apport de la socio-esthétique est capital, on ne s’en passerait plus ! » Tel est le bilan enthousiaste du Dr Danielle Clément, médecin de thérapie familiale, qui suit des femmes anorexiques ou souffrant d’obésité morbide au centre médico-psychologique de Luxeuil-les-Bains (Franche-Comté) : « Au fil des séances, la perception que les patientes ont de leur image évolue. Et cela passe par un autre canal que la parole. » En l’espèce, le corps, dont s’occupe Isabelle Guichet lors de séances individuelles tous les 15 jours. « En tant qu’esthéticienne, je touche à la peau. Ce n’est pas anodin, cela renvoie à l’enfance et à la mère, explique-t-elle. C’est une passerelle vers l’inconscient. »

Un intérêt de la socio-esthétique en psychiatrie confirmé par le Dr Jean-Eudes Maille, chef de pôle des Hôpitaux de jour de l’association L’Élan retrouvé : « Notre institution s’interrogeait sur la manière de traiter les préoccupations relatives à l’apparence des patients, souvent négligée ou maltraitée, en évitant d’adopter une position infantilisante. La socio-esthétique y répond complètement. »

Faire resortir le beau

La pratique fait également ses preuves dans la prise en charge des addictions. Au Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie Pierre-Nicole (Croix-Rouge), à Paris, l’équipe se demandait comment l’esthétique pouvait avoir un écho chez des toxicomanes très précarisés ayant abandonné leur corps. Le travail mené par la socio-esthéticienne Sylvie Marini sur le bien-être et l’estime de soi a convaincu. « Il faut essayer de faire ressortir le beau et la singularité chez ces personnes, raconte-t-elle. Elles sont tombées si bas qu’elles ne s’autorisent plus à prendre soin d’elles. »

Un champ d’application nouveau a également été présenté : celui de l’oncopédiatrie. Au CHU de Tours, Julie Merlin offre aux jeunes patients des moments de détente en dehors des soins. Elle masse les enfants, mais intervient également auprès des parents. Selon le Dr Marion Yvert, l’impact de ces interventions se mesure « au quotidien » : « Conseiller une ado sur le port d’un foulard par exemple, ce sont des choses que l’on ne sait pas faire sur le plan médical. La place de Julie dans l’équipe est aujourd’hui une évidence ».

* Le congrès national de socio-esthétique a été organisé par le Codes (Cours d’esthétique à option humanitaire et sociale).

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