Mise au vert - L'Infirmière Magazine n° 360 du 01/05/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 360 du 01/05/2015

 

MAISON DE RETRAITE

Dossier

ISABEL SOUBELET  

Déjà bien engagé sur le pilier social, l’Ehpad de Massy-Valmorin passe la vitesse supérieure en s’investissant dans le projet Add’âge.

De l’amélioration technique du bâtiment au tri des déchets en passant par les achats responsables, l’Ehpad de Massy-Valmorin (Essonne) a endossé le développement durable comme une seconde peau. Fin 2013, Valérie Eymet, sa directrice, et Florence Jullien, cadre de santé, se sont investies sans hésiter dans cette démarche, à travers le projet Add’âge que pilote la Fnaqpa (voir encadré). « Depuis cinq ans déjà, nous sommes dans la démarche Humanitude(1) qui sous-tend un management participatif, casse les habitudes et apprend à se questionner sur sa pratique, précisent-elles. Nous avons assez vite fait le lien et ouvert notre réflexion aux aspects techniques qui étaient nouveaux pour nous. » Depuis, de nombreuses actions ont vu le jour avec des résultats probants à la clé. Des capteurs solaires ont été posés sur le versant sud de la toiture (32 m2) pour la production d’eau chaude sanitaire ; un bac récupérateur d’eau de pluie a été installé pour l’arrosage du patio ; les radiateurs électriques ont été changés par des grille-pains à bain d’huile. Bientôt, le bâtiment disposera d’une gestion technique centralisée qui permettra de réelles économies d’énergie.

Une révision fructueuse des protocoles

En parallèle, l’établissement a mené une réflexion de fond sur ses achats. L’ensemble du papier utilisé est estampillé recyclé et les fournisseurs de bureautique sont labellisés. À terme, l’objectif est d’opter exclusivement pour des fournisseurs et des sous-traitants vertueux qui garantissent les conditions de fabrication du matériel et en assurent la reprise. Dans le cadre de la renégociation de son contrat avec Elior, prestataire de restauration, la directrice de l’Ehpad est parvenue à intégrer de nouveaux critères : favoriser les maraîchers locaux et les produits de saison, ne pas servir de poisson en voie de disparition, utiliser des viandes d’origine française ou labellisées et limiter le cartonnage.

Pour cet établissement de 114 lits, trier et prendre en compte la gestion des déchets n’est pas simple. Les faibles volumes n’intéressent pas les professionnels du tri. En mars, un partenariat a été signé avec Ecotextile, une entreprise de l’Oise qui emploie des personnes au chômage en fin de droits. Les textiles abîmés sont réutilisés pour des activités industrielles et les vêtements peu usagés sont revendus dans des friperies. Du côté des produits d’incontinence, une révision des pratiques a permis de réaliser une économie annuelle de 15 000 euros. « Nous avons changé de fournisseur, précise Florence Jullien. Et les soignants ont reçu des formations afin d’appliquer les protocoles dans le respect de la personne en évitant, par exemple, les changes complets quand cela n’est pas nécessaire. » Depuis le mois de mars, les cartons de ces produits sont remis en état par l’association Carton Plein.

À la fin de l’année, le bilan de la revalorisation permettra de déterminer le nombre d’heures de travail réalisées par des personnes en insertion. Quant aux salariés, ainsi que le personnel des sous-traitants, ils bénéficient de soins de pédicurie et d’une bourse d’échanges d’objets divers. « La mise en place d’un projet RSE ne doit pas coûter plus cher, estime Valérie Eymet. C’est une façon différente de raisonner et d’envisager ses actes. Cela permet à chacun, soignants, administratifs, mais aussi résidents et familles, de changer son regard sur l’autre. Désormais, tout le personnel est impliqué dans une belle synergie et nous allons poursuivre nos actions après la fin du projet. »

1- Philosophie de soin créée par Yves Gineste et Rosette Marescotti, basée sur l’approche émotionnelle et le respect des droits de l’homme. Son label repose sur cinq principes : zéro soin de force sans abandon de soins, respect de la singularité et de l’intimité, vivre et mourir debout, ouverture sur l’extérieur, lieu de vie-lieu d’envie.

ACTION

Le projet Add’âge

Le projet Action développement durable au service du grand âge (Add’âge) a été lancé en octobre 2013 par la Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (Fnaqpa) sur la Responsabilité sociétale des établissements (RSE) et services pour personnes âgées. Il comprend deux axes et porte sur 26 mois. En premier lieu, une recherche a révélé que 40 % des Ehpad et des Ssiad interrogés ont initié une stratégie RSE : 92 % agissent pour améliorer la santé et la sécurité des personnels et 93 % développent des liens avec leur territoire.

En deuxième lieu, une étude est menée sur le terrain à travers quinze établissements répartis sur trois territoires. Chacun a planché sur les actions à mener en fonction de ses besoins. Les résultats seront présentés le 10 décembre à Lyon lors d’un colloque intitulé « Développement durable et grand âge ».