L’Emasp, soutien au quotidien - L'Infirmière Magazine n° 354 du 01/11/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 354 du 01/11/2014

 

FORMATION CONTINUE

EN ÉQUIPE

Marielle Delagarde travaille dans l’équipe mobile d’accompagnement et de soins palliatifs du centre hospitalier de Meaux (Seine-et-Marne) depuis quatorze ans. Elle partage son temps de travail à égalité entre les patients et les professionnels de santé.

Le rôle que joue Marielle Delagarde auprès des équipes est double : d’une part, elle assure un soutien, d’autre part, elle propose une formation par le compagnonnage. Ce dernier permet d’acquérir un savoir-faire par l’observation et l’écoute des professionnels qui ont une expérience et une expertise de l’accompagnement. L’important est de ne pas prendre leur place, mais de travailler ensemble pour le bien-être du patient.

Pour assurer un soutien aux équipes, Marielle parle du patient avec les professionnels et favorise l’expression de leur vécu par rapport à la situation. Elle les aide à identifier ce qui a déjà été fait pour le malade, ce qu’ils souhaiteraient réaliser ou proposer. Il est parfois nécessaire que le soignant s’autorise à demander à un ou une collègue de le relayer. Il est en effet important de connaître ses limites afin de ne pas s’épuiser.

Concertation

L’Emasp favorise la concertation entre différents acteurs de l’équipe, ceci afin de convenir des soins à travers l’élaboration de consignes précises, de traitements comme les prescriptions anticipées personnalisées, de la Lata (limitation ou arrêt des thérapeutiques actives) et afin de rechercher le confort maximum du patient. L’équipe mobile fait le lien entre les intervenants et permet à chacun de s’exprimer.

Concernant les différents symptômes de fin de vie tels que les risques hémorragiques, la détresse respiratoire, les pauses respiratoires, les gasps et la souffrance psychique, qui interpellent souvent autant les familles que les soignants au cours de l’agonie, des explications simples et claires sur ce qu’ils représentent sont, pour Marielle, la meilleure des réponses. Il faut « rester vrai ». D’après son expérience, les demandes d’accélération de la phase d’agonie ne viennent jamais des patients mais des soignants en difficulté ou des familles, quand cette étape n’a pas de sens pour eux. Afin de favoriser la compréhension de l’entourage, l’infirmière échange avec lui sur ce qu’était le patient avant la maladie. Le plus souvent, elle constate que « s’il s’agissait d’une personne qui a été dans la lutte toute sa vie », alors elle peut garder ce comportement au cours de cette étape ultime. Ceci permet une meilleure acceptation.

Parfois, l’Emasp est appelée parce que l’équipe soignante est en difficulté relationnelle avec le patient et/ou la famille. Les soignants se sentent démunis. Pour Marielle Delagarde, ils sont eux-mêmes pris dans l’émotion, surtout s’il s’agit d’un patient qu’ils accompagnent depuis le début de la maladie.

Relation d’aide

Le rôle de l’infirmière dans une équipe mobile est complémentaire de celui du médecin ou du psychologue. Elle évalue les symptômes d’un point de vue infirmier, en particulier en ce qui concerne l’inconfort. Les différents regards sont complémentaires et enrichissent la prise en soin globale. L’infirmière propose des techniques non médicamenteuses comme les massages, la relaxation ou l’hypnoanalgésie. Marielle souligne que la relation d’aide est précieuse pour l’ensemble de son exercice.

Après le décès, l’Emasp adresse un courrier ou, quand cela est possible, se rend à la levée du corps. Les psychologues proposent aux familles et à l’entourage des suivis de deuil. L’Emasp facilite aussi le maintien des patients dans le service où ils sont soignés. Ce que vit le patient n’est pas toujours représentatif de ce que perçoit l’équipe. L’Emasp tente alors d’objectiver le vécu du patient auprès des soignants.

Ces derniers, médicaux ou non médicaux, ont pris conscience de l’importance du travail autour de la fin de vie et des soins palliatifs. Autrefois, les appels à l’Emasp étaient tardifs (deux heures avant le décès). Aujourd’hui, ils arrivent de plus en plus tôt. Ils concernent la prise en charge de la douleur et l’aide à la concertation. Cette demande précoce permet un lien relationnel plus riche avec le patient et sa famille.

Une « parole qui circule », des réunions hebdomadaires permettant la concertation, la supervision mensuelle de l’ensemble de l’équipe par un psychologue extérieur sont autant de facteurs favorisant une réflexion sur la pratique quotidienne et donc garantissant la qualité du travail fourni par l’équipe.