L’HYGIÈNE POUR SORTIR DE LA RUE - L'Infirmière Magazine n° 352 du 01/10/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 352 du 01/10/2014

 

BELGIQUE

ACTUALITÉ

ISABEL SOUBELET  

Infirmiers de rue, une association bruxelloise de soignantes, vient de recevoir à Paris le prix « Europe Convergences » pour son projet permettant la réinsertion durable de sans-abri.

En 2006, Émilie Meessen et Sara Janssens, deux infirmières fraîchement diplômées, créent à Bruxelles Infirmiers de rue (IDR). Cette association sans but lucratif se donne pour mission d’être un intermédiaire de santé qui rétablit le lien entre les personnes vivant dans une grande précarité, leur environnement et les services de santé.

« Dès le départ, nous avons utilisé la question de l’hygiène comme moyen de sortie de la rue, précise Émilie Meessen, fondatrice et coordonnatrice de IDR. Ce sujet est souvent tabou pour les sans-abri et les personnes qui les côtoient. Or, la problématique de l’hygiène est fondamentale car c’est le premier lien avec les autres. Nous avons d’ailleurs créé une grille d’évaluation(1) de l’état d’hygiène d’une personne, le CVC (corps-vêtements-comportement), destinée à aider les intervenants de première ligne dans l’évaluation du public dont ils s’occupent. Cette échelle nous permet aussi de déterminer les personnes les plus vulnérables, celles dont l’état de santé et d’hygiène est très dégradé et qui seront suivies. » Faire des soins dans la rue n’est pas la vocation de l’association. Son objectif est d’obtenir des solutions durables en collaboration avec les acteurs du réseau psycho-social et médical. « Nous souhaitons valoriser les talents de chacun, souligne la fondatrice. Le public qui vit dans la rue est souvent jugé trop vite. Pour nous, être sans-abri, ce n’est pas une maladie chronique. Il faut trouver des solutions adaptées au rythme de la personne et lui permettre de croire en ses possibilités. »

Un écho en Europe

Pas de naïveté dans ces déclarations, mais la conviction d’une réalité vécue au quotidien depuis 8 ans. L’association a créé des outils (plan des fontaines et des toilettes gratuites, listing des douches à Bruxelles) et dispense des formations à l’hygiène et à la précarité. Et la démarche a trouvé un écho certain, au-delà des frontières (Pologne, France). La première année, les deux jeunes femmes ont commencé à mi-temps bénévolement en conservant une activité parallèle. En 2014, IDR compte treize salariés : neuf infirmières, un médecin, deux assistantes sociales et un gestionnaire administratif. Elle fonctionne avec 700 000 €, dont 60 % de fonds publics. En 2013, elle a initié le projet de logement Housing Fast en collaboration avec Care & 1 000 Homes, un intermédiaire entre le marché immobilier et celui des loyers sociaux. Dix appartements, dont cinq destinés aux personnes venant de la rue, seront disponibles en 2015 à Bruxelles.

1- Le document est disponible sur infirmiersderue.org, rubrique outils.