Revenus en plus - L'Infirmière Magazine n° 351 du 15/09/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 351 du 15/09/2014

 

RETRAITE SUPPLÉMENTAIRE

DOSSIER

Pour compléter leur pension de retraite, les salariés peuvent cotiser à des dispositifs de retraite supplémentaire. Ils doivent cependant peser les avantages et inconvénients.

Partir à la retraite implique une perte de revenus. Pour pallier cette situation, organismes, banques et assurances proposent diverses solutions. Trois organismes s’adressent plus particulièrement aux fonctionnaires. La Complémentaire retraite des hospitaliers (CRH), créée par le CNGOS, concerne uniquement les personnels de la fonction publique hospitalière. Les conjoints et Pacsés des personnels hospitaliers peuvent néanmoins y adhérer selon un autre barème. La Préfon Retraite, de la Caisse Nationale de Prévoyance de la Fonction publique, vise l’ensemble des fonctionnaires mais est également ouverte aux salariés du secteur privé. C’est le cas aussi du Corem, géré par l’Union Mutualiste retraite, ouverte à tous depuis 2005.

Ces trois régimes fonctionnent par points. Lorsque l’adhérent cotise, il acquiert des points (points d’acquisition). Lors de la liquidation de ses droits à la retraite, il récupère des points de service. Ces derniers permettent de percevoir une rente viagère, voire une part de capital (20 % au maximum de la rente) dans certains dispositifs (CRH et Préfon). La valeur du point d’acquisition est différente de la valeur du point de service, la première étant plus élevée que la seconde. Généralement, les cotisations mensuelles sont modulables en fonction de ses revenus et de ses besoins. Elles peuvent être également suspendues durant une période difficile. Si le salarié change d’employeur et travaille dans le secteur privé, il peut néanmoins continuer à cotiser. Préfon, Corem et CRH offrent aussi la possibilité d’effectuer des versements plus importants en une fois pour l’acquisition de points supplémentaires (voir tableau). « Nous avons régulièrement des assurés qui font un versement important pour acheter des points », observe-t-on à la CRH. Enfin, pour ces trois dispositifs, les cotisations sont déductibles à hauteur de 10 % des revenus nets imposables, sachant qu’il faut aussi tenir compte du taux d’imposition. Avec un taux de 45 %, sur 1 000 euros versés, la déduction est de 450 euros (1 000 x 45 %). Si le taux d’imposition est de 5 ou 14 % (ce qui est généralement le cas pour les infirmiers), la réduction fiscale ne sera que de 5 ou 14 % du montant.

Comparer les produits

Ces solutions peuvent séduire. « Il faut garder à l’esprit que cette épargne est bloquée jusqu’à la retraite », prévient néanmoins Valérie Batigne, fondatrice et associée de VB Expertise Retraite. Il faut également prendre le temps de comparer les produits. « Le salarié ne doit pas se focaliser uniquement sur les produits d’épargne retraite dédiés aux fonctionnaires », ajoute Valérie Batigne. Le PERP (plan d’épargne retraite populaire), proposé par de nombreux organismes bancaires et d’assurance, sont ouverts à tous les actifs et peuvent proposer de bonnes conditions. Pour l’experte, la transparence est le critère clé pour choisir son produit : transparence de l’information sur les cotisations et les points, transparence de la gestion financière et l’utilisation des cotisations. Par exemple, quel pourcentage de la cotisation est utilisé pour la gestion ou pour la communication ? Pascale Gauthier, associée de Novely Retraite, attire aussi l’attention sur la valeur du point d’acquisition et du point de service indiquée par les organismes : « Il est souvent difficile de comparer les valeurs entre différents produits, car, chez certains d’entre eux, il s’agit d’une valeur donnée pour un âge médian qui n’est pas le même selon les organismes. La vraie valeur d’achat est fonction de votre âge. On incite d’ailleurs les jeunes à cotiser, car c’est moins cher pour eux. »

Cotiser au bon moment

« Plus vous cotisez jeune, plus votre rente sera importante », observe d’ailleurs Christian Carrega, directeur général de Préfon. La CRH vise ainsi les jeunes avec le 13e mois de cotisations offert aux 18-35 ans qui adhèrent. Le directeur général du Corem, Christian Oyarbide, module ce discours : « Si j’ai un message à faire passer, c’est “Il n’est jamais trop tard pour préparer sa retraite.” » Et de préciser qu’il faut tenir compte de deux phénomènes majeurs. « Si vous adhérez à un dispositif à 55 ans, votre espérance de vie est longue, car vous pouvez vivre encore trente ans. Il faut en tenir compte, explique Christian Oyarbide. Ensuite, tout dépend de votre situation. Bloquer de l’argent, cela peut être intéressant si vous avez une certaine visibilité sur les aléas professionnels et personnels. Si vous êtes fonctionnaire, vous n’avez pas les mêmes incertitudes qu’un professionnel libéral sur votre emploi. Si vous divorcez, vos revenus risquent de baisser. Il y a aussi les enfants à charge. La question qu’il faut se poser est : “Quelle part je suis prêt à bloquer pour améliorer mes conditions de vie une fois que je serai à la retraite”. En fait, il faut s’assurer que l’on fait le bon effort au bon moment, et là le conseil de l’organisme est primordial pour faire un choix de vie et pas uniquement financier. » De fait, l’âge d’affiliation aux dispositifs de retraite supplémentaire se fait rarement à 25 ans. « L’âge moyen est d’environ 36 ans », note-t-on à la CRH. Demander une simulation pour mieux savoir à quel moment les cotisations versées pendant x années seront récupérées est donc fortement recommandé.

Acquérir sa résidence principale

Les conseillers préconisent aussi d’acheter sa résidence principale. « Le loyer constitue une dépense qui peut être importante. Acquérir son logement est une bonne façon de réduire ses dépenses au moment de la retraite », remarque Pascale Gauthier. Une recommandation également formulée par Christian Carrega et Christian Oyarbide. Autre point important : le choix entre rente et capital au moment de la liquidation des droits. « Par exemple, le retraité va disposer de 40 000, 50 000 ou 60 000 euros de capital, explique Christian Carrega. La difficulté est de gérer ce capital durant toute sa retraite, y compris en fin de vie. Toutes les études montrent qu’en 10 ou 12 ans, ce capital est épuisé. La rente viagère présente l’avantage d’être une protection contre soi-même. » Attention aussi à la réversion à son conjoint. Les différents dispositifs proposent, en effet, un taux de réversion qui peut varier de 60 à 100 %. Or, ce choix va réduire le montant de la pension du retraité. Plus le taux de réversion est élevé, plus la pension sera moindre.

« Les valeurs des points évoluent chaque année en fonction de l’anticipation que nous pouvons faire. Or, aujourd’hui, nous sommes dans une période où les taux baissent régulièrement. Beaucoup d’incertitudes pèsent sur les marchés financiers et, par ailleurs, l’allongement de la durée de vie qui continue à augmenter, a des conséquences sur les prévisions pour les régimes de retraite », observe Christian Oyarbide. Sans oublier la législation qui change. Concrètement, il faut donc bien prendre en compte tous les aspects de sa situation tant financière que professionnelle et personnelle. Et savoir aussi que rien n’est figé.

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