PIQUER VITE ET BIEN, DU PREMIER COUP - L'Infirmière Magazine n° 351 du 15/09/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 351 du 15/09/2014

 

DÉLÉGATION D’ACTE

ACTUALITÉ

CÉCILE ALMENDROS  

Depuis le 21 août, un protocole de coopération autorise les infirmières à réaliser l’échographie qui permet de localiser une voie veineuse praticable.

L’initiative émane d’une équipe du pôle infections-immunités-inflammations du groupe hospitalier La Pitié-Salpêtrière (AP-HP). Elle consiste à autoriser un médecin hospitalier formé à l’utilisation de l’échographie portable à déléguer à une IDE volontaire la réalisation d’échographies des veines et artères des membres supérieurs. Après une prescription médicale visant à opérer des prélèvements ou à poser des perfusions, l’IDE déléguée identifie la nécessité d’utiliser ou non l’échographe pour repérer les vaisseaux. Si cela s’avère utile, la soignante informe le patient de l’existence du protocole relevant de l’article 51 de la loi HPST et recueille son consentement.

L’acte dérogatoire au décret d’actes infirmiers consiste à réaliser l’échographie et à en interpréter les images, en lieu et place du médecin. Viennent ensuite la réalisation du prélèvement ou la pose du dispositif de perfusion, puis la mesure de la douleur induite avec l’échelle visuelle analogique (EVA) ; tout ce processus étant tracé dans le dossier de soins du patient et les informations correspondantes transmises aux autres membres de l’équipe lors des transmissions orales.

Six heures de formation

Sont éligibles au protocole tous les patients adultes présentant un abord veineux difficile (abus de drogues, obèses, oedèmes, multiples ponctions, hématomes, etc.) ayant eu, au cours d’un précédent abord veineux ou artériel, une douleur supérieure ou égale à 40/100 sur une EVA. L’objectif est multiple : pour le patient, il s’agit de diminuer la douleur induite par de nombreuses tentatives et de préserver le capital veineux et artériel en évitant ces dernières ; pour le médecin délégant, de diminuer le nombre de recours aux anesthésistes et libérer ainsi du temps médical. Quant au délégué, le protocole doit faciliter la réalisation de son geste sans risque.

« Contrôles inopinés »

Les porteurs de projet prévoient de former une infirmière pour chaque service du pôle de la Pitié-Salpêtrière, soit six au total. S’adressant à des professionnelles justifiant de trois ans d’expérience en soins infirmiers dans un service de médecine-chirurgie-obstétrique, la formation, préparée et validée par les organismes de DPC reconnus, se compose d’un module théorique de deux heures et d’un autre, pratique, de trois heures, assorti de la supervision et de l’évaluation du délégué lors des dix premiers gestes. Outre un bilan mensuel réalisé par le binôme délégant-délégué, le protocole prévoit d’évaluer la satisfaction des patients, du délégant et des délégués. Les indicateurs, qui portent sur l’activité, la qualité et la sécurité de la prise en charge ainsi que sur les aspects socio-économiques, seront évalués tous les ans.

Le protocole avait reçu le 28 mai un avis favorable de la Haute Autorité de Santé (HAS), sous réserve de modifications : la HAS a, ainsi, tenu à faire ajouter que l’échographie réalisée dans ce cadre pourrait « éventuellement » être associée « à l’application d’un anesthésique local ou une prise en charge non médicamenteuse type réassurance ». Elle a, par ailleurs, demandé que soit supprimées les références à « des contrôles inopinés » de l’infirmière par le médecin.

espaceinfirmier.fr

Pour aller plus loin, lire l’interview parue sur notre site.