Au rapport ! - L'Infirmière Magazine n° 340 du 01/03/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 340 du 01/03/2014

 

ÉDITORIAL

KAREN RAMSAY  

L’accouchement a été long. Et il a tenu en haleine une assistance qui piétinait d’impatience. Rien d’étonnant : le rapport IGAS/IGAENR, d’abord annoncé pour le printemps, puis pour l’automne 2013, n’a été rendu public que le 18 février dernier. Soit près d’un an et demi après la première cuvée de diplômés en formation infirmière du dispositif LMD. Un bébé bien joufflu, fort de ses 93 pages de bilan, de ses 145 pages d’annexes, et de ses 33 recommandations. Avec, tout de même, un fort accent sur la réingénierie de la formation des infirmiers de soins généraux, la seule à s’être accolée au nouveau référentiel en 2012. Une fois ce rapport né – et digéré –, la question est : et maintenant ? Car, outre sa fonction d’analyse, ce bilan permet surtout de dégager une réflexion gloable pour les autres professions paramédicales et leurs 840 000 professionnels. Des métiers entre lesquels subsistent de profondes disparités : formation, durée des études, évaluations, modes d’exercice… D’où la complexité du processus d’« universitarisation » des formations sous le régime LMD. Sous quelle forme cette réingénierie serait-elle donc bénéfique ? En proposant une diversification des parcours et des métiers ? En favorisant l’interdisciplinarité et la pluridisciplinarité, et non l’unicité des parcours professionnels ? En permettant à chaque diplômé de dessiner son propre parcours, et, concomitamment, d’envisager, s’il le souhaite, les nouveaux métiers ? Ça tombe bien, c’est ce que propose le rapport. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il ne recommande pas que toutes les professions infirmières « spécialisées » fassent l’objet d’un Master. Cela, dans un souci de ne pas les enfermer dans une continuité restrictive. Quand on sait – et c’est ce que déplore aussi le rapport, car il existe des voies autres que la valorisation à travers le Master – que le grade universitaire est étroitement lié au niveau de rémunération, et donc, d’une revalorisation indiciaire et statutaire, on se dit que les Iade, les Ibode, les puéricultrices ou les infirmières scolaires n’en ont pas fini avec leurs revendications.