USINE À GAZES - L'Infirmière Magazine n° 332 du 01/11/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 332 du 01/11/2013

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

2013, c’est L’odyssée de l’espace. De « l’espace réunion », évidemment. Loin des patients, de la santé et des territoires, nos hôpitaux sont englués dans la concertation sans fin.

Sur des sujets importants, comme les médicaments, les pansements et la certification. Mais, la plupart du temps, sur rien.

L’objectif de cet hôpital kafkaïen semble être de faire sortir les infirmières des services, de nous éloigner du lit des patients pour nous faire asseoir autour de tables de réunion, en nous faisant croire que notre voix comptera. Or, bien souvent, les sujets sont déjà clos ; notre présence n’est qu’un alibi pour les décideurs, qui pourront se targuer, ainsi, d’avoir associé les infirmières à leurs discussions. Résultat : les soignants sont réunis pour couper les cheveux en quatre, ne rien décider, et planifier d’autres rencontres stériles. Le grand absent de ces bavardages est le patient, que nous délaissons pour élucubrer en réunion. Simple prétexte, il est loin de ces échanges narcissiques, où l’on se gargarise d’un verbiage nébuleux. Des projets sont faits et défaits. Des chefs de tout sont nommés, qu’on ne consultera pas, car les décisions seront prises ailleurs. Bref, l’hôpital moderne est né. Mais il se tire tous les jours une balle dans le pied en démontrant que l’on peut se passer des infirmières, puisqu’elles peuvent sans problème quitter leur service pour de si longues réunions.

Dans ce système diabolique, toute infirmière ne participant pas à ces palabres inutiles devient une professionnelle non impliquée dans la vie de son pôle. CQFD.

De soignante experte, l’infirmière hospitalière est devenue technocrate indispensable – pour combien de temps encore ? – à la marche ubuesque d’un hôpital futuriste, fonctionnant sans soignants. Et demain, qui sait, sans patients ?