Des alternatives existent - L'Infirmière Magazine n° 320 du 01/04/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 320 du 01/04/2013

 

TROUBLES DE L’ÉRECTION

DOSSIER

PRISE EN CHARGE

Des effets secondaires liés au cancer de la prostate, les troubles de l’érection ne sont pas parmi les plus faciles à vivre pour un homme. Le point sur les techniques alternatives.

L’injection intracaverneuse

Elle consiste à injecter de l’alprostadil ou du moxisylite (prostaglandine) dans le corps caverneux sur les faces latérales de la verge afin de provoquer l’érection. Ces injections nécessitent un apprentissage qui peut être réalisé par les infirmiers. L’intégralité de la marche à suivre pour effectuer l’injection est disponible sur le site de l’Afssaps (1).

→ L’alprostadil agit en induisant une relaxation des fibres musculaires lisses des corps caverneux qui provoque un relâchement permettant l’afflux sanguin et le remplissage des corps caverneux, et l’érection pénienne. Plusieurs essais doivent être réalisés en consultation, afin de familiariser le patient au maniement du matériel (stylos injecteurs réutilisables ou à usage unique), de s’assurer qu’il suit correctement les consignes (hygiène, tension légère du pénis, repérage de la zone d’injection) et de déterminer la dose nécessaire et suffisante.

→ L’injection doit être réalisée 10 à 15 minutes avant le rapport sexuel. Elle entraîne une érection qui peut se maintenir une trentaine de minutes. Le nombre d’injections est limité à deux par semaine, effectuées à au moins 48 heures d’intervalle.

→ Des effets indésirables peuvent survenir : douleurs voire hématomes aux points d’injection, maintien prolongé de l’érection, qui, si elle dure au-delà de 2 à 3 heures peut entrainer une fibrose du pénis. Il est donc nécessaire dans l’heure qui suit de mettre en œuvre des petits moyens pour favoriser la détumescence du pénis. Elle peut survenir après une éjaculation, une miction, une douche froide sur la verge ou l’application d’une poche remplie de glaçons, ou à la suite d’un effort physique (monter les escaliers en courant, tour à vélo…) Si ces mesures ne sont pas efficaces, il convient de consulter en urgence ou d’appeler le centre 15.

→ Des informations et conseils que peut dispenser l’infirmier et qu’il pourra compléter en invitant le patient à conserver le numéro de téléphone du médecin ou du centre spécialisé qui suit le traitement, à utiliser impérativement un préservatif en cas de rapport avec une partenaire enceinte ou susceptible de l’être, voire un ou une partenaire occasionnelle, car ce traitement ne protège pas des MST.

Le vacuum

Il constitue une alternative moins invasive que les injections.

→ Le vacuum est constitué d’un cylindre transparent relié à une pompe qui peut être activée manuellement, ou par un système électrique. Le pénis est introduit dans le cylindre et l’étanchéité est obtenue par l’application d’un gel lubrifiant (voir figure). Le cylindre est fermement appuyé sur le pubis et un vide partiel peut être ainsi créé en activant la pompe qui en extrait l’air. Le pénis se remplit alors de sang, et quand la rigidité est suffisante pour un rapport sexuel, un anneau de contention est glissé de la base du cylindre autour de laquelle on l’avait préalablement placé avant d’y introduire le pénis, vers la base du pénis. La constriction qui en résulte retient le sang à l’intérieur du pénis et maintient donc l’érection.

Le garrot peut être maintenu sans risque pendant trente minutes. Ce dispositif à usage durable est à la fois économique et efficace chez 60 à plus de 90 % des hommes qui l’ont testé selon les études rapportées dans la littérature médicale. L’apprentissage nécessite environ deux semaines. Une fois l’expérience acquise, l’érection peut être obtenue en 2 à 3 minutes.

→ Les effets indésirables sont limités : des ecchymoses sont possibles, mais bénignes. Des douleurs modérées peuvent parfois survenir en cas de dépression trop intense. De même, la peau des bourses peut être aspirée dans l’appareil, ce qui donne une sensation de « pincement ». Avec l’expérience, ces petits désagréments disparaissent.

Prothèses péniennes

Elles sont rarement envisagées, les patients leur préférant des solutions locales ponctuelles.

« Muse »

Muse est un micro-suppositoire intra-urétral à base de prostaglandine (Alprostadil) que le patient doit introduire dans la verge grâce à un applicateur. Cette alternative est plus marginale car ses résultats ne satisfont qu’un patient sur trois ou quatre. Après vérification par les soignants de la maîtrise de la technique d’administration par le patient, celui-ci peut bénéficier d’une prescription pour l’auto-administration à domicile.

→ Il est important que le patient urine avant l’introduction du produit car l’humidification urétrale facilite l’administration de Muse et est essentielle à la dissolution du principe actif. Pour introduire le micro-suppositoire, il faut étirer complètement le pénis au maximum de sa longueur vers le haut et introduire la tige de l’applicateur dans l’urètre. Le produit est expulsé par pression du bouton-poussoir de l’applicateur. Avant de retirer celui-ci, un mouvement de va-et-vient latéral doit être effectué afin de s’assurer que le produit a bien été libéré de la tige d’administration. La distribution homogène du médicament sur la paroi de l’urètre sera assurée en faisant rouler le pénis entre la paume des mains pendant au moins 10 secondes.

→ En cas d’apparition d’une sensation de brûlure, il convient de poursuivre cette manœuvre de friction par roulement pendant 30 à 60 secondes ou jusqu’à disparition de la sensation de brûlure. De même, il est recommandé de se mettre debout et de marcher, pendant 10 minutes environ jusqu’à l’installation de l’érection. Celle-ci survient 5 à 10 minutes après l’administration et persiste pendant 30 à 60 minutes environ. Un contrôle régulier de l’efficacité et de la tolérance doit être réalisé par le médecin ou l’infirmier qui a accompagné l’apprentissage du dispositif.

Remerciements pour leur relecture au Professeur Rischmann et à Jean-Pierre Bastié, infirmier expert en urologie, hôpital Rangueil de Toulouse.

(1) http://afssaps-prd.afssaps.fr/php/ecodex/notice/N0144073.htm.

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