Sur la vague de l’ enfance - L'Infirmière Magazine n° 316 du 01/02/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 316 du 01/02/2013

 

SUR LE TERRAIN

RENCONTRE AVEC

D’abord infirmier puériculteur, Christophe Cassagne est aujourd’hui à la tête d’une société de formation et de communication, et d’un e-magazine. Devenu entrepreneur, il reste soignant dans l’âme.

Un bébé virtuel pour un papa infirmier puériculteur ! Le dernier-né de Christophe Cassagne se prénomme « CDCLIK Enfance ». Un cadeau inédit pour les parents, puisqu’il s’agit du premier magazine numérique édité à leur intention, gratuit et rédigé par des professionnels en activité, dans les domaines de la santé ou de la famille. Cette équipe pluridisciplinaire (infirmiers puériculteurs, pédiatres, diététiciennes…) livre tous les deux mois une soixantaine de pages réparties en diverses rubriques : santé, psychologie, éveil, informations pratiques et même loisirs. Le tout sous la direction du Dr Anh Tuan Duong et de Christophe Cassagne, diplômé infirmier puériculteur en 1996. D’où vient le déclic de CDCLIK ? « Quand le conseil général de la Corrèze a offert des ordinateurs, puis des i-Pad à des collégiens, j’ai compris que la révolution numérique était devenue une réalité ! », explique Christophe Cassagne. Une réalité qu’il a fait sienne. « Aujourd’hui, confirme-t-il, le bimestriel est téléchargeable sur ordinateur, tablette tactile ou téléphone portable ».

Cet e-magazine représente (pour l’heure !) le dernier volet d’un parcours professionnel aussi passionnant qu’atypique. Comment devient-on chef d’entreprise quand on a embrassé une carrière de soignant ? Curieusement, ce n’est pas toujours l’aboutissement d’une stratégie mûrement réfléchie ! Christophe Cassagne s’est naturellement laissé poussé « par ses envies ». Une aventure démarrée sous le signe du secourisme. D’abord en tant que bénévole à la Croix-Rouge, puis en qualité de sapeur-pompier volontaire (à 24 ans). « C’est par cette porte que je suis entré dans le métier d’infirmier, observe-t-il. Mais, une fois mon diplôme en poche, je ne savais pas vraiment vers quoi m’orienter. Comme beaucoup de garçons, j’étais plutôt attiré par les soins d’urgence et de réanimation ou bien encore par la psychiatrie. »

Un parcours « trop » classique

De fait, c’est « une opportunité de carrière » qui le guidera jusqu’à la puériculture. À partir de 1993, il exerce au service hospitalier de Tulle, d’abord en cardiologie, puis en néonatalogie, maternité et pédiatrie. « Là, un grand chef de service m’a rendu conscient de l’importance de la puériculture. Via cette spécialisation, j’ai étudié en détail le développement psychomoteur, l’approche psychologique, les différentes pathologies de l’enfant… Mais j’ai également énormément appris sur le terrain, grâce au tutorat des pairs, mais aussi grâce à l’aide – je dirai maternante – des auxiliaires de puériculture », commente-t-il. « Pour moi, il n’y a pas de sous-métier, c’est l’ensemble de l’équipe qui doit bien fonctionner, en complémentarité. Ce même état d’esprit règne d’ailleurs au sein de l’e-magazine », continue l’infirmier. Des professionnels de tout bord collaborent à sa réalisation.

De 1998 à 2001, Christophe Cassagne est directeur de la crèche hospitalière de Tulle. Il y développe des compétences en matière de gestion du personnel, et découvre « tout le versant heureux des enfants bien portants, à savoir le langage, les jeux… ». Quant à sa préparation d’entrée à l’examen de cadre infirmier, elle « le remet sur la voie de l’écrit ». « Quatre années de bonheur », donc, où il semble lancé sur un parcours intéressant, certes, mais classique. Trop classique finalement ? En tout cas, dès 2002, il décide de profiter d’une mise en disponibilité hospitalière pour créer CDCLIK, une société spécialisée en formation et en communication dans le domaine de l’enfance et de la famille. Et il convainc l’ANPDE (Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiantes) de le soutenir pour la création d’un site Internet : « Le conseil d’administration était composé de gens plutôt âgés, pourtant, ils ont immédiatement compris que c’était la voie de l’avenir ! Et ils m’ont payé une semaine de formation. » Le reste, il l’apprend en autodidacte, « en travaillant seul, sur de bons livres », précise-t-il. Je partais un peu à l’aventure, admet-il aujourd’hui volontiers. Mais, sur le terrain, j’avais constaté qu’il manquait certains modules de formation continue. J’ai également commencé à réfléchir à des thématiques de colloques, dont “le premier lien parent-enfant”, “les relations dans la triade parent-professionnel-enfant”. Et cela a bien pris ! »

Chef d’entreprise

Á tel point que Christophe Cassagne passe désormais une partie de son temps à « réserver des salles » pour y organiser ses conférences. Celles qui sont prochainement programmées sur Paris s’intitulent « la construction de l’identité chez l’enfant », en avril, puis « l’attachement parent-enfant », en octobre… « Cette démarche est logique, argumente-t-il. Mes écrits (livres ou articles) aboutissent toujours à l’organisation d’un séminaire, d’une conférence. Chez les infirmières aussi, le savoir-faire se transmet beaucoup oralement. » « Á me voir agir ainsi, mes interlocuteurs me prennent souvent pour un chef d’entreprise, observe-t-il. Mais, au fond de moi, je suis toujours un infirmier puéri-culteur ! » Pour rester « un peu » en prise directe avec le terrain médical, il a, notamment, enseigné jusqu’en 2012 au sein d’un institut de formation d’auxiliaires de puériculture, à Brive. Dans son bureau, une photo le montre également au cœur d’un groupe de sapeurs-pompiers, devant la préfecture de la Corrèze. « J’ai encore un pied au service départemental d’incendie et de secours, commente l’intéressé. Et je reste mobilisable en cas de plan rouge. Mais je n’assure plus de gardes de nuit. C’est dommage, car leur corps manque d’infirmiers puériculteurs. On y est très utiles, notamment, pour poser des voies veineuses sur les bébés, pour déchiffrer la douleur des jeunes victimes, et pour gérer tout le relationnel avec les parents. »

Un « papa » courage

C’est surtout le temps qui lui manque. Par exemple, il ne peut plus se consacrer à l’ANPDE. « J’y ai été chargé de mission dès 1997, calcule-t-il. Je montais à Paris tous les deux mois, pour me nourrir de précieux échanges professionnels. »

Fort de ce parcours, Christophe Cassagne est un homme heureux. Il gagne sa vie grâce à son offre de formations et de colloques payants. Et il couve d’un œil raisonnablement optimiste son dernier bébé numérique, le bimestriel « CDCLIK Enfance ». « Il a eu un an en novembre dernier, je n’en reviens pas ! Pour le numéro un, on a très vite dépassé les 15 000 visites. » Depuis, sa tranquille progression lui permet d’envisager un développement « et l’embauche d’une journaliste, pour assurer le secrétariat de rédaction et le suivi presse ». Dans cette démarche, il ne semble poussé que par de bons démons, qui ont pour noms curiosité, soif de partage. Pourtant, il enrage de ne pas pouvoir se rendre à toutes les réunions intéressantes où il est désormais convié. Car il revient de chaque rencontre « enrichi, avec un sac à dos d’idées », à diffuser via les nouveaux outils.

MOMENTS CLÉS

1993 Est infirmier au centre hospitalier de Tulle.

1997 Devient chargé de mission à l’Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiantes (ANPDE).

1998 Est directeur de la crèche hospitalière de Tulle.

2002 Création de CDCLIK, une société de formation et de communication dans les domaines de l’enfance et de la famille.

2011 Lancement, en novembre-décembre, d’un e-magazine parental.

SAVOIR PLUS

→ « CDCLIK Enfance » est également lu par des professionnels issus du monde médical et paramédical Pour le télécharger : http://www.cdclik-enfance.info/

→ Bien que très sollicitée, la rédaction reste ouverte à des propositions d’articles pour l’e-magazine. Contact : christophe@cdclick.com

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