UN TOIT POUR DEUX - L'Infirmière Magazine n° 311 du 15/11/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 311 du 15/11/2012

 

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ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

OLIVIER QUARANTE  

Depuis cet été, le centre hospitalier et la clinique mutualiste de l’Estuaire, à Saint-Nazaire, ont regroupé l’essentiel de leurs services sur un seul site.

Dans l’immense hall d’entrée de la cité sanitaire, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le patient a le choix : il peut aller à droite, et accéder aux services du centre hospitalier, qui a rapatrié dans ces locaux flambant neufs 560 de ses 980 lits et places ; ou à gauche, et rejoindre ceux de la clinique mutualiste de l’Estuaire, qui a regroupé ici l’ensemble de son activité, soit 240 lits et places, jusque-là éparpillée sur cinq sites. « On entre dans la cité sanitaire par “la patho-logie” », souligne le directeur des soins de la clinique, François Barrénéchéa. Ainsi, les deux établissements ont décidé, ensemble, de répartir les activités. Certains services ont changé de main, comme la gynécologie-obstétrique, qui est passée sous le giron exclusif du CH. D’autres activités ont été mutualisées, comme le bloc opératoire (16 salles) et la pharmacie.

Un changement d’organisation qui a aussi un impact sur le personnel. Certains professionnels ont dû changer d’employeur. « Nos sages-femmes, nos infirmières puéri-cultrices et nos auxiliaires de puériculture ont rejoint le pôle mère-enfant, maintenant géré par le CH, explique le directeur des soins de la clinique. Les autres, comme les infirmières non spécialisées, ont été redéployées dans nos services. Comme nous avons augmenté nos effectifs, globalement, nous avions les moyens de leur proposer d’autres postes. » Un travail d’accompagnement individuel, piloté par les ressources humaines, a permis de trouver une solution adaptée à chacun, selon le cadre. À l’intérieur d’une même spécialité, des adaptations ont été nécessaires. Des mini-formations ont été dispensées, notamment aux infirmières de la clinique, pour qui la chirurgie vasculaire et la chirurgie urologique sont de nouveaux domaines. Au sein de l’unité de chirurgie et d’anesthésie ambulatoire, qui a été mutualisée, les infirmières des deux établissements ont appris à travailler ensemble. « Depuis un an, on retrouve nos collègues dans un groupe de travail, explique Marie Morice, infirmière du CH. Cela nous a permis de faire connaissance et de comparer nos pratiques. On a pu suivre des stages de comparaison, en allant dans le service des autres. »

En rodage

Ouvert début septembre, le service est toujours en période de rodage. L’équipe doit désormais appliquer les mêmes protocoles. Les infirmières de la clinique ont dû apprendre à utiliser un logiciel pour le suivi des patients. « Nous avons eu beaucoup de choses à intégrer, souligne Manuella Nicolas, infirmière de la clinique. Des éléments liés à l’organisation et à la prise en charge de pathologies nouvelles pour nous. Mais, après trois semaines, je me sens plus à l’aise. » Pour Jannick Grand, directeur des soins du CH, « l’organisation n’est pas encore stabilisée, ce qui est normal, puisque les changements ne se résument pas au déménagement ; ce sont aussi un nouveau matériel et une nouvelle démarche médicale ».

Appréhension

Quant à la rencontre entre les deux statuts - la clinique est un établissement privé à intérêt collectif -, il y avait, de part et d’autre, de l’appréhension. « Mais, elle s’est effacée, assure Marie Morice. Nous étions tous d’accord pour créer ce service unique, et nous savions que chaque statut comporte des avantages et des inconvénients. » Les échanges en amont semblent, là aussi, avoir permis de régler les points d’achoppement. Comme celui du temps de travail. Dans le service de chirurgie, le personnel de la clinique a désormais moins de jours de RTT qu’avant, mais moins d’heures journalières. Des craintes liées à ce regroupement ont été exprimées par des syndicats, notamment concernant d’éventuelles restrictions d’effectif pour, selon la CGT, pouvoir payer les 20 millions d’euros annuels de loyer à la société privée retenue dans le cadre du partenariat public-privé.

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