LES PROCHES, BIEN PLUS QUE DES VISITEURS - L'Infirmière Magazine n° 309 du 15/10/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 309 du 15/10/2012

 

RÉANIMATION

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

La journée des infirmiers de réanimation du congrès de la Sfar, fin septembre, a souligné les avantages, pour les patients comme pour les soignants, d’une bonne prise en charge de la famille. Des initiatives développées à l’hôpital Saint-Louis ont, notamment, été décrites.

Sources de réconfort pour le patient, partenaires pour les soignants, en réanimation, les proches ne sont pas de simples visiteurs. En effet, dans cet environnement technique et bruyant, « plus qu’ailleurs, soigner un patient, c’est aussi prendre soin de sa famille », ont affirmé Ouarda Smida et Émilie Merino, lors de la journée des infirmiers de réanimation du congrès de la Sfar (1), le 20 septembre, à Paris.

« Toutes les études sur les attentes des patients ont montré combien la présence de leur famille était importante, réconfortante et apaisante », ont commencé par rappeler ces deux jeunes infirmières en réanimation de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP). Au-delà de cette « présence corporelle » bienfaisante pour la personne malade, le proche est aussi un précieux allié pour les professionnels. En restituant au patient « l’histoire de son hospitalisation », il peut permettre d’éviter la survenue d’un syndrome de stress post-traumatique. Il est également une source d’informations sur les conditions de vie du patient, et sera plus à même de détecter d’éventuels troubles anxieux et dépressifs chez ce dernier. Des maux qui n’épargnent pas la famille, selon Ouarda Smida et Émilie Merino.

Une étude du groupe Famirea, en 2001, a montré que 73 % des visiteurs et 84 % des conjoints de patients souffraient d’anxiété et/ou de dépression.

« Démystifier »

Le manque de communication avec les professionnels et la mauvaise compréhension du fonctionnement de l’unité sont des facteurs aggravants, ont affirmé les deux infirmières, qui ont présenté les initiatives développées dans leur service de réanimation médicale. Les entretiens entre l’équipe et la famille sont menés « quasiment toujours par le même senior ou interne » et, dans la mesure du possible, les mêmes infirmières, a développé Ouarda Smida. « Le fait d’avoir plusieurs interlocuteurs est un facteur d’incompréhension », a-t-elle décrit. À leur arrivée dans le service, les proches reçoivent un livret ­d’accueil qui présente le fonctionnement et traduit « le jargon médical », a expliqué Émilie Merino. Pour « démystifier » la réanimation, la famille proche peut également assister à certains soins. Mais, attention à ne pas « instaurer un contact qui ne serait pas naturel entre le malade et le proche », a souligné le docteur Élie Azoulay, chef de service adjoint. Depuis 2003, ce service de douze lits est l’un des rares en France à être ouvert aux familles 24 heures sur 24. Une particularité qui a soulevé de nombreuses questions dans l’auditoire, notamment sur la gestion des visiteurs. Pas question d’entrer librement, ont expliqué les soignantes. Afin de ne pas déranger les autres patients, les visiteurs doivent sonner et attendre qu’un membre de l’équipe vienne leur ouvrir. Ils sont incités à venir plutôt en fin de matinée, après les soins et le staff, précisent-elles. Seules deux personnes à la fois sont autorisées à se rendre dans la chambre, sans limitation de durée. Les visiteurs qui le souhaitent peuvent passer la nuit auprès du patient. « En moyenne, un proche reste dormir chaque nuit », a précisé le Dr Azoulay.

« Humaniser le malade »

Une organisation qui peut sembler contraignante. « Certaines infirmières qui viennent en intégration trouvent ça trop lourd », reconnaît le chef de service adjoint. Ouarda Smirda et Émilie Merino ont, au contraire, souligné les avantages de cet accueil permanent : un échange facilité et des soins qui peuvent être exécutés à toute heure, à condition d’expliquer aux familles pourquoi elles doivent patienter à l’extérieur. Mais, surtout, la prise en charge des familles est « un moyen d’humaniser le malade », a témoigné Émilie Merino.