Un peu de tenue ! - L'Infirmière Magazine n° 306 du 01/09/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 306 du 01/09/2012

 

ÉDITORIAL

Qui a pu échapper à la pétition initiée, sur son blog, par un médecin désireux de soutenir le billet d’humeur d’une kiné contre les blouses d’hôpital – auxquelles il est souvent reproché de ne pas préserver l’intimité des patients ? Cette polémique soulève des réactions excessives mais pose à nouveau clairement le problème du respect de la pudeur et de la dignité des personnes hospitalisées. Ne pas frapper avant d’entrer dans une chambre, stigmatiser les croyances, parler entre collègues pendant les soins, autant d’attitudes qui témoignent, parmi d’autres, d’un manque de respect.

Mais revenons à l’objet du manquement. Ces « casaques » sont-elles utiles ? Oui, incontestablement. Comment ne pas reconnaître leur intérêt dans les services de réanimation et de soins intensifs, où elles permettent aux professionnels de dispenser des soins efficaces ou douloureux pour le patient et autorisent un accès rapide au corps, aux perfusions, aux sondes… En revanche, les blouses doivent être impérativement bannies ou substituées pour les malades, plus ou moins conscients de leur nudité, qui déambulent dans les couloirs, les cours et les jardins. Si, cet été, les soignants se sont sentis accusés, c’est parce qu’ils n’ont pas toujours de choix pour habiller les patients. Or, dans ce cas précis, ce sont TOUS les professionnels de l’établissement qui sont collectivement responsables et qui doivent faire en sorte que le respect des patients ne soit pas oublié. Quelle solution proposer pour les personnes démunies, ou qui n’auraient pas d’effets personnels appropriés ?

Je lance un appel aux stylistes pour qu’ils créent un vêtement en deux parties, recto verso, parfaitement séparées, et équipées de boutons-pressions accessibles sur les côtés. Une piste pour Marisol Touraine, qui a exprimé son soutien à la pétition et qui attend des propositions pour la rentrée. Le gouvernement envisageait, fin juillet, d’utiliser une partie des dix milliards d’euros du grand emprunt pour financer les hôpitaux. Et si une (modeste) partie de cette somme servait à régler une fois pour toutes le problème des blouses des patients ? En attendant, réhabilitons-les, mais utilisons-les avec discernement !