UN ACCOMPAGNEMENT AU MIEUX-VIVRE - L'Infirmière Magazine n° 306 du 01/09/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 306 du 01/09/2012

 

ONCOLOGIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Le centre Léon-Bérard, à Lyon, a mis en place un suivi pendant et après le traitement pour les patientes atteintes d’un cancer du sein. Au cœur du dispositif, une infirmière « pivot ».

Un parcours personnalisé, pendant et après le cancer. Fin mai, le centre Léon-Bérard de Lyon a dressé un premier bilan « très positif » de cette expérience, qui a bénéficié, entre septembre 2010 et février 2012, à plus de 250 patientes atteintes d’un cancer du sein et prises en charge en chirurgie.

Désormais, dès l’annonce du diagnostic, l’assistante de soins, Marie-Estelle Perennec, réalise un dépistage social précoce pour repérer les éventuels points de fragilité nécessitant l’intervention d’une assistante sociale. Il est également remis à la patiente un cahier de liaison, qui reprend « tous les conseils oraux donnés auparavant » : ce que l’on doit apporter le jour de l’hospitalisation ; la conduite à tenir lors d’un retour chez soi avec un drain de redon ; ce qu’il faut faire en cas de lymphocèle… Il y est aussi noté le contact de « l’infirmière pivot », Karine Rinck, chargée de mieux assurer la continuité intra et extra-hospitalière des soins et destinée à devenir l’interlocutrice privilégiée des patientes. « Certaines m’appellent fréquemment, d’autres moins souvent, constate l’infirmière, dont le poste spécialement créé a été pérennisé. Cela dépend de leur caractère, mais aussi des complications chirurgicales rencontrées. » Quand les patientes sont de retour à leur domicile, une partie des questions concernent la vie courante : combien de temps peut-on rester sous une douche ? Est-il possible de reprendre une activité sportive, de conduire ? « Je lui ai demandé s’il était normal que je sois fatiguée, si mes cheveux allaient repousser, témoigne une patiente, Frédérique Demottaz. Elle m’a dit les mêmes choses que les médecins, mais en les reformulant. Cela rassure. L’écoute, c’est capital pour le bien-être. » Un soin relationnel qui implique disponibilité, présence, maîtrise de la parole, des gestes, mais aussi respect des silences.

Médecine de ville

Parfois, le coup de fil se transforme en évaluation médicale. Karine Rinck met à profit son expertise, acquise grâce à de nombreuses années de travail en chirurgie. Elle sait ce que signifie un sein qui gonfle, qui devient rouge ou chaud. « Je demande souvent une vérification visuelle sur place à l’infirmière libérale, précise-t-elle. Car le ressenti de la douleur peut être trompeur, certaines patientes minimisent leur souffrance. » « Cela relève de la consultation infirmière, presque du transfert de compétences, explique Anny Talon, directrice des soins. Ce poste transversal à responsabilités nécessite expérience, autonomie et maîtrise des émotions. L’infimière pivot détecte les besoins de chaque patiente, puis l’oriente rapidement. » « Je décide de ce qui peut être fait à domicile ou pas, en collaboration avec un médecin référent, confirme l’infirmière pivot. Ainsi, quand Frédérique Demottaz a fait une mucite, j’ai faxé, le jour même, une ordonnance à sa pharmacie. En cas d’aplasie, les infirmières libérales donnent des antibiotiques et font des injections par intraveineuse. Dans d’autres cas, je coordonne de nouveaux rendez-vous médicaux. » Les quatre chirurgiens du centre Léon-Bérard ont accepté d’unifier leurs pratiques et leurs discours, afin de rendre ce travail possible.

Vie de couple

En fin de traitement, 60 ? consultations de réhabilitation ont également été réalisées par un chirurgien et l’assistante de soins : « Je donne aux patientes un questionnaire facultatif abordant, notamment, leur vie sociale et de couple, décrit, ainsi, Marie-Estelle Perennec. Notre socio-esthéticienne peut les aider à soigner leur peau, leurs ongles, à apprivoiser leur cicatrice et leur reconstruction mammaire. Un soin complet doit aller jusque-là. Comme lors de l’annonce du diagnostic, il faut laisser s’exprimer les pleurs, la tristesse, la révolte. C’est seulement quand cela se change en panique ou en dépression que j’en réfère au psychologue. Ce métier, qui brasse beaucoup d’émotions, est passionnant. »