À gauche toute ! - L'Infirmière Magazine n° 304 du 01/07/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 304 du 01/07/2012

 

ÉDITORIAL

La présidentielle, c’est fait. Les législatives, c’est fait. La gauche est majoritaire à l’Assemblée, et les médecins sont toujours bien mieux représentés que les infirmières : 27 contre 2, c’est presque l’équité… Certaines choses ne changent pas, peu importe le parti en place. La période électorale, ses promesses, déclarations, poignées de main et autographes, étant révolue, le retour à la réalité et à la « normalité » ne doit pas être chose facile en ces temps de crise. Aux dernières nouvelles, le nouveau gouvernement devra trouver 10 milliards d’euros supplémentaires d’ici à juillet pour rester dans les clous d’un déficit budgétaire fixé à 4,5 % par l’Union européenne pour 2012. Et, 10 milliards, c’est en tablant sur une croissance de 0,5 % pour 2012, donc, en étant optimistes… Aïe.

Parmi les mesures déjà envisagées par le gouvernement, citons l’augmentation des droits de donation, la création de deux nouvelles tranches d’impôts sur les revenus les plus élevés, le relèvement de l’ISF, la suppression des exonérations sociales sur les heures supplémentaires, une taxe sur les dividendes… Et une possible augmentation de la CSG. Certains experts de Bercy parleraient même d’une hausse du taux normal de la TVA (entre 0,4 et 1 point), qui passerait de 19,6 à 20 ou à 20,6 %(1)… Après la polémique qu’avait engendrée la création d’une TVA sociale par Nicolas Sarkozy, espérons que les experts sont simplement fatigués, à court d’idées et de créativité, car une hausse de la « TVA normale » reviendrait un peu au même que de créer une TVA sociale… Aïe.

Côté santé, Marisol Touraine réaffirme ses priorités. Commencer à détricoter la loi HPST pour retricoter une nouvelle loi hospitalière, dont personne ne sait grand-chose à ce jour. L’égalité de l’accès aux soins devient l’axe « moral » incontournable de sa politique. Cela implique d’assurer « que chaque patient ne soit pas à plus de 30 minutes d’un service d’urgence », ce qui n’est, à ce jour, pas le cas. C’est aussi la fin de la convergence public-privé, la promesse d’un calcul plus « juste » de la tarification à l’activité. Enfin, autre chantier miné : négocier les dépassements d’honoraires, et, spécifiquement, les dépassements du secteur privé à l’hôpital. Aïe.

Espérons que notre ministre est bien chaussée, car tous ces chantiers risquent d’être accidentés.

1– Le Canard enchaîné du 20/06/2012.