UNE IRD, SINON ÇA FAIT MAL - L'Infirmière Magazine n° 291 du 15/12/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 291 du 15/12/2011

 

COMITÉS DE LUTTE CONTRE LA DOULEUR

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… COLLOQUES

Faut-il conserver les comités de lutte contre la douleur ? La réponse à cette question un brin provocatrice est « oui », mais avec des infirmières dédiées.

Comment donner aux comités de lutte contre la douleur (Clud) les moyens de mener à bien leur mission ? Grâce aux « infirmières ressources douleur (IRD), dédiées et payées à faire vivre un Clud », a proclamé Bénédicte Lombard, cadre de santé à l’hôpital pédiatrique Trousseau de La Roche–Guyon (Val-d’Oise), au cours de la 6e journée du Centre national de recherche contre la douleur, à l’espace Charenton (Paris). Ce jour-là, dans la salle de conférence parisienne, les IRD représentaient à peine un petit dixième du public, dont l’ensemble était d’accord pour constater qu’elles sont le maillon indispensable du bon fonctionnement des comités.

Mais l’existence de postes d’IRD ne fait pas tout, ont précisé les intervenants de la journée. Elles doivent aussi avoir les moyens de mener à bien leur mission. Infirmière ressource douleur à l’hôpital de Quimperlé (Finistère), Catherine Rimbaud a exprimé sa frustration, celle de ne pas se sentir reconnue et soutenue dans ses tâches : « Mon rôle est de mobiliser les acteurs de la douleur. Régulièrement, je fais des recommandations, je donne des audits à réaliser, mais rien ne se passe ! » Un peu comme si ce sujet était la dernière roue du carrosse. Pour être pertinent, a commenté Bénédicte Lombard, « le poste d’IRD doit, en effet, absolument être mis en place par la direction des soins, appuyé par le cadre de santé, et identifié, soutenu et connu de tous ». Au risque, sinon, que chacune de ses propositions ne soit qu’un coup d’épée dans l’eau. Jean-Pierre Ciebera, médecin, président du Clud de l’institut Arnault-Tzanck de Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes), a surenchéri : « Chez nous, le comité contre la douleur a fini par obtenir la place qu’il devait avoir grâce à des médecins volontaires qui ont ont milité en ce sens ! Ils ont fait le siège de la direction et se sont finalement vu attribuer une enveloppe budgétaire pour une infirmière ressource douleur. »

Coupes budgétaires

Car, qui dit « poste dédié » dit… « budget dédié »! Et en ces temps de restrictions financières, les comités n’échappent pas aux coupes drastiques. Alors, comment améliorer, concrètement, la prise en charge de la douleur sans budget ad hoc ? L’équation a paru insoluble aux participants de la journée.

Bénédicte Lombard a souligné que sans budget spécifique, l’équipe du Clud de l’hôpital de La Roche-Guyon n’aurait jamais pu réaliser l’enquête qu’elle a menée sur le refus du Meopa (analgésique sous forme inhalée) chez quinze enfants hospitalisés en onco-hématologie. « Une enquête pourtant essentielle puisqu’elle nous a permis de comprendre les résistances et d’intégrer le Meopa sur treize de ces enfants », a commenté la soignante. Christelle Chat-Gaboriaud, qui fut infirmière ressource douleur au Clud de la clinique Pasteur de Royan (Charente-Maritime), a, elle, témoigné de la disparition de sa structure. Elle y travaillait aux côtés de trois autres infirmières et d’un médecin référent douleur pour 123 lits. « On est partis de rien, et on a promu une culture douleur telle, que nous étions reconnus au niveau national !, a-t-elle raconté, très émue. Nous avions du temps pour des évaluations poussées. C’est extraordinaire ce qu’on a pu prouver, notamment sur des douleurs anciennes et chroniques. Cela permettait parfois au médecin traitant d’initier un traitement… » Fonctionnant à fonds perdus, le Clud particulièrement actif de cette clinique a fini par disparaître.