MOBILISATION CITOYENNE AUTOUR DE LA MATERNITÉ - L'Infirmière Magazine n° 291 du 15/12/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 291 du 15/12/2011

 

LES LILAS

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Usagers et professionnels de la maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis) multiplient les actions coups de poing en faveur de leur établissement, dont les travaux d’agrandissement sont gelés depuis des mois par l’ARS.

Il est 16 heures en ce vendredi 25 novembre, sur le parvis de la mairie des Lilas. Soudain, une dizaine de femmes, accompagnées par une sage-femme de la maternité des Lilas, simulent un accouchement. En un instant, la rue prend des airs de salle de travail ! Interloqués, les passants s’arrêtent devant les parturientes qui hurlent, assises, accroupies, ou allongées dans une baignoire. L’opération dure à peine quelques minutes, mais la mobilisation éclair monte comme un cri du cœur : ces femmes revendiquent sur la place publique leur droit d’accoucher « comme elles veulent et où elles veulent ». Et ce « où elles veulent », c’est la maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis), dont elles craignent la fermeture. En effet, le projet de construction de nouveaux locaux est gelé depuis plusieurs mois par l’ARS (Agence régionale de santé).

Un projet dès 2007

Les locaux, vétustes car datant de la création de l’établissement, en 1964, ne répondent effectivement plus aux normes de sécurité actuelles ni à l’augmentation de l’activité. La maternité, qui assure en moyenne 1 700 naissances et 1 200 IVG par an, se doit d’engager des travaux. Consciente de l’impératif, la direction a élaboré, dès 2007, un projet de reconstruction sur un terrain tout proche. Validé par le ministère de la Santé de l’époque, alors dirigé par Roselyne Bachelot, ce projet suivait son cours, et les travaux étaient censés débuter cet automne. Mais il a été brutalement gelé par l’ARS voilà quelques mois, sous prétexte que la structure ne remplirait pas toutes les conditions d’un établissement « sain » en termes de sécurité médicale, de gouvernance et de gestion financière.

La réplique des professionnels de la maternité, et de ses usagers, n’a pas tardé. « Nous sommes d’accord pour réfléchir aux réformes imposées par l’ARS, mais il faut le faire avec discernement », commente ainsi Marie-Laure Brival, chef de service à la maternité. Faut-il mutualiser les moyens, avec les hôpitaux environnants, comme le demande l’ARS ? Marie-Laure Brival répond que des démarches en ce sens ont déjà été entamées : « Un projet avec l’hôpital Robert-Debré est en cours d’élaboration, et nous avons aussi débuté un partenariat avec le groupe hospitalier Diaconesses. » Les professionnels sont prêts à se battre pour leur établissement. Et de nombeux anonymes aussi ! La mobilisation est d’autant plus forte que la maternité des Lilas est considérée comme un lieu phare des droits des femmes. Accouchement sans violence et au rythme de la mère, groupe de pères, défense du droit à l’IVG… L’établissement et ses professionnels ont été et sont toujours de toutes les luttes. Pour que ce lieu continue de vivre, un collectif de soutien s’est rapidement constitué, coordonné par Madeline da Silva, mère d’une petite fille de 2 ans née… aux Lilas.

Beaucoup de souffle !

« Nous sommes pour le moment 1 500 dans le collectif. Nous avons réussi à organiser un “flashmob” à Beaubourg, des manifestations, des rencontres-débats festives… Nous devons parler avec nos tripes ! Et nous sommes prêts à faire encore plus de bruit. S’ils veulent des images chocs ou des personnalités présentes et solidaires à nos côtés, ils les auront. On ne s’essoufflera pas ! » martèle la jeune maman. Catherine Ringer, la célèbre chanteuse des Rita Mitsouko, a déjà entendu son appel, et s’est jointe au mouvement dès le début des protestations.

La mobilisation portera-t-elle ses fruits ? L’ARS a demandé au délégué régional de la Fehap, Patrick Hontebeyrie, de produire un rapport sur l’établissement pour la mi-décembre, et devrait prendre, dans la foulée, la décision de débloquer, ou non, les fonds nécessaires à la réalisation des travaux de reconstruction. Mais, déjà, Marie-Laure Brival prévient : « Nous attendons de la part de l’ARS des propositions qui aboutiront au déblocage de la situation avant la trêve des fêtes de fin d’année. Si, d’ici là, aucune réponse n’est donnée, le mouvement gagnera en intensité. »

1– Fehap : Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne.