QUAND LES ANIMAUX SOIGNENT LES ANCIENS - L'Infirmière Magazine n° 288 du 01/11/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 288 du 01/11/2011

 

ZOOTHÉRAPIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Catherine Barthalot a quitté ses fonctions d’infirmière à l’AP-HP après avoir pratiqué, pendant des années, la thérapie assistée par l’animal dans un service de gérontologie. Elle exerce aujourd’hui comme zoothérapeute auprès de personnes âgées en institution.

En cet après-midi d’automne, l’ambiance était à la fête dans le parc de la résidence pour personnes âgées Jean-XXIII située à L’Haÿ-les-Roses (94). La raison de cette effervescence ? La tenue du premier concours « 4 pattes tendresse »(1), association fondée par Catherine Barthalot qui propose une approche de la zoothérapie. Quiz, parcours avec les chiens de l’association, lectures de poèmes : les personnes âgées ont participé avec joie aux différentes épreuves organisées par cette infirmière zoothérapeute et son équipe. Des visages qui s’animent, des yeux qui brillent lorsqu’un chien s’approche en quête de caresses ou qu’un cochon d’Inde se blottit au creux des bras… « Ce concours, moment d’échange et de partage, est également l’occasion de valoriser les personnes en s’appuyant sur l’animal, médiateur de la relation », explique la soignante.

« Comme un bébé »

La zoothérapie peut se définir comme une méthode clinique utilisant à des fins thérapeutiques ou récréatives les liens naturels et bienfaisants qui se développent spontanément entre les êtres humains et les animaux. Tout en favorisant les relations sociales, elle permet d’entretenir une activité physique et motrice, notamment pour des personnes en situation de dépendance et de handicap. Certes, la méthode ne guérit pas, mais la médiation par l’animal peut aider à retrouver un peu de plaisir et de goût à la vie. Catherine Barthalot cite ainsi le cas d’une dame très âgée présentant un syndrome de glissement, au grand désespoir d’une équipe soignante impuissante, qui la voyait dépérir de jour en jour. « Je lui ai présenté notre cochon d’Inde. Elle l’a pris, bercé dans ses bras comme un bébé, lui a souri et parlé. Un pur moment de bonheur. Et cette dame va beaucoup mieux depuis », témoigne-t-elle.

Catherine Barthalot se démène depuis vingt ans pour faire reconnaître une autre dimension des soins aux personnes âgées. Observant le repli et l’isolement social de nombre de personnes hospitalisées, elle a eu l’idée de faire intervenir son propre chien dans le service de gérontologie de l’hôpital Paul-Brousse dans lequel elle travaillait. Soutenue par son chef de service, le Dr Renée Sebag-Lanoë, elle a créé, en 1994, la première association visant à développer, à l’hôpital, la médiation par l’animal. « Cela n’a pas toujours été facile. Il m’a fallu me battre sur tous les plans, créer la “charte du chien à l’hôpital”. J’ai réussi à la faire valider par le Clin(2) de l’établissement », se souvient-elle. Souhaitant développer encore davantage l’approche par la zoothérapie, l’infirmière a quitté l’AP-HP voilà trois ans pour devenir salariée de « 4 pattes tendresse ». Un engagement militant, puisqu’elle œuvre à temps plein pour l’association, tout en étant rémunérée pour un mi-temps. « J’effectue également quelques vacations de nuit pour pouvoir subvenir à mes besoins », précise-t-elle.

Une image positive

L’association est aujourd’hui en plein développement, intervenant dans seize établissements, maisons de retraite médicalisées, structures d’accueil de jour pour personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, mais aussi maisons d’accueil spécialisées pour adultes en situation de handicap.

Accompagnée de ses animaux dressés par un éducateur comportementaliste, Catherine Barthalot travaille en partenariat avec les équipes soignantes en fonction de leurs projets de soins. L’association qu’elle a fondée s’est donné comme objectif de promouvoir une image positive des personnes âgées vivant en institution. « De nos jours, ces personnes sont encore cataloguées comme des “pauvres vieux abandonnés par leur famille” ou, pire encore, comme « tous ces vieux qui n’ont plus leur tête ! », regrette la thérapeute. Bien au contraire, elles ont la tête sur les épaules, et ont certainement beaucoup à nous apprendre ! »

1– Organisé le 21 septembre dans cet Ehpad du Val-de-Marne. Une réunion d’information sur la zoothérapie est prévue, le 30 novembre, dans l’Yonne. Par ailleurs, l’association propose des formations. Renseignements sur www.4pattestendresse.fr

2– Comité de lutte contre les infections nosocomiales.