L’HAD, EN GREFFE AUSSI - L'Infirmière Magazine n° 286 du 01/10/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 286 du 01/10/2011

 

PÉDIATRIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES … ÉTABLISSEMENTS

Après une transplantation, les soins peuvent aujourd’hui se dérouler dans le cadre d’une hospitalisation à domicile. À l’AP-HP, des puéricultrices suivent ainsi de jeunes allogreffés.

Aux premiers jours de l’été, les puéricultrices avaient rendez-vous au Touquet, pour les 36es journées de l’ANPDE(1). Parmi les sujets abordés durant ces deux journées, l’hospitalisation à domicile l’a été à travers l’exemple de jeunes enfants et adolescents allogreffés(2). Comme l’accompagnement en fin de vie, les chimiothérapies anticancéreuses ou encore l’assistance respiratoire, types de soins pouvant être prodigués à la maison, il s’agit là de situations médicales complexes, qui impliquent une coordination exemplaire. Avec « plus de 850 malades par jour  », l’HAD de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) conjugue, par exemple, les efforts de « près de 600 professionnels médicaux sur 119 communes, pour Paris et la petite couronne », a indiqué Aurélie Lanusse, puéricultrice dans l’unité Sud.

Quatre conditions

Prescrite, le plus souvent, par le médecin hospitalier, mais aussi, dans certains cas, par le médecin traitant, l’hospitalisation à domicile requiert quatre conditions sine qua non  : le domicile du patient doit être adapté à ce mode de prise en charge ; il doit se trouver dans une zone géographique couverte par une structure d’HAD ; le malade et son entourage doivent manifester leur intérêt pour cette solution ; enfin, le choix de l’HAD doit être validé, sur le principe comme dans le détail (durée, etc.) par le médecin coordinateur, qui procède d’abord à une rigoureuse évaluation médicale et sociale.

Continuité des soins

L’HAD présente d’indéniables avantages : elle permet de favoriser « une réinsertion familiale rapide », tout en relevant « d’une sécurité suffisante », avec «un moindre retentissement psychosocial et un moindre coût ». C’est évidemment « un peu de confort en plus pour les patients, et c’est aussi davantage de responsabilités pour les infirmières », souligne encore Céline Chamaillard, puéricultrice à l’unité Nord Est. En effet, ce mode de prise en charge impose, sept jours sur sept et 24 heures sur 24, une continuité des soins, lesquels visent une qualité équivalente à celle de l’hôpital.

Outre les soins stricto sensu, il incombe aux infirmières, lors des visites à domicile, d’observer l’état psychologique de l’enfant, son environnement familial, de faire de l’éducation thérapeutique et de rappeler les recommandations en matière d’hygiène de vie. « Que s’est-il passé depuis la précédente visite ? Comment se déroule la vie à la maison ? Le patient et son entourage ont-ils bien compris les enjeux, l’importance de la prise des traitements antirejet ? » Ces éléments sont aussi importants que « la mesure des paramètres vitaux, l’évaluation de la douleur ou la surveillance d’éventuels signes infectieux », affirme Céline Chamaillard. En particulier quand les interventions se font au domicile de familles ne parlant ou ne comprenant pas toujours bien la langue française, ajoute-t-elle. Sur le terrain, au quotidien, la puéricultrice doit trouver les ressources pour instaurer une relation de confiance avec l’enfant et sa famille, qui assure une prise en charge optimale.

Un essor à confirmer

Il reste néanmoins un long chemin à parcourir pour que l’HAD trouve sa place dans le parcours de soins et soit proposée à tous ceux qui en ont besoin, même si les choses ont beaucoup progressé ces dernières années. En 2009, le pays comptait 8 300 places, contre 4 500 en 2005, selon les données de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile, qui regroupe à ce jour plus de 200 établissements dans la France entière.

1– ANPDE : Association nationale des puéricultrices diplômées d’État. Ces journées ont eu lieu les 23 et 24 juin 2011.

2– Rappel : les allogreffes, contrairement aux autogreffes, impliquent deux individus distincts, avec un donneur et un receveur possédant des complexes majeurs d’histocompatibilité (CMH) différents.