LES PARTICULARITÉS DU TRAITEMENT PRÉVENTIF - L'Infirmière Magazine n° 282 du 01/07/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 282 du 01/07/2011

 

DOSSIER

INTERVIEW

L’Infirmière Magazine : Dans quel contexte met-on en place un traitement préventif de la TVP ?

Dr Ambid-Lacombe : L’évaluation du risque thrombo-embolique veineux est, en théorie, systématique pour tout patient hospitalisé ou non, chirurgical ou relevant d’une pathologie médicale. Elle tient compte du risque hémorragique et des autres facteurs de risque : chirurgie orthopédique, immobilisation, alitement, grossesse, cancer, maladies inflammatoires. C’est dans le milieu chirurgical et, notamment, orthopédique que les recommandations sont les mieux codifiées en fonction du type d’intervention. Pour les patients relevant d’affections médicales, des recommandations nationales (Afssaps) publiées fin 2009 ciblent les populations les plus à risque. Dans tous les cas, il est recommandé d’utiliser autant que possible les HBPM.

L’I.M. : Dans les suites opératoires, quel est le principe du traitement préventif de la TVP ?

Dr A.-L. : D’une manière générale, les patients bénéficient d’une chimioprophylaxie par HBPM à dose préventive en une injection dont la durée varie en fonction du type de chirurgie. Elle peut aller de moins de 10 jours en chirurgie générale (sans facteur de risque surajouté) à 42 jours pour la prothèse totale de hanche. En chirurgie orthopédique ou abdominale, on peut également utiliser le fondaparinux (Arixtra®) à raison d’une dose de 2,5 mg SC par jour. Certains nouveaux anticoagulants administrés per os (rivaroxaban = Xareltro®, dabigatran = Pradaxa®) ont également l’AMM en chimioprophylaxie pour les prothèses totale de genou et de hanche. La Calciparine est utilisée à dose préventive chez les patients souffrant d’insuffisance rénale sévère.

L’I.M. : En médecine, quelles sont les maladies qui nécessitent une prévention de la TVP ?

Dr A.-L. : De nombreuses pathologies favorisent la survenue de thromboses veineuses : décompensation cardiaque, état septique grave (septicémie, infections => pneumopathie par exemple), pathologies inflammatoires digestives (maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique en poussée…), pathologies cancéreuses… En phase aiguë de ces pathologies, une chimioprophylaxie par HBPM est proposée après évaluation du risque. Les recommandations de l’Afssaps (2009) ont permis de mieux cibler les patients qui doivent être traités. Par exemple, un patient âgé hospitalisé pour une décompensation cardio-respiratoire compliquant une surinfection bronchique devra bénéficier d’une chimioprophylaxie. Là encore, les HBPM seront, autant que possible, préférées aux HNF.

L’I.M. : Quelle est la durée du traitement préventif dans ce contexte médical ?

Dr A.-L. : Les recommandations nationales sont très claires et la durée de la prescription recommandée est de 7 à 14 jours. Au-delà, la prophylaxie est suggérée si le risque de thrombose persiste (alitement prolongé notamment). Une prophylaxie par compression veineuse doit être associée autant que possible.