LA PLAIE SUIVIE EN PROFONDEUR - L'Infirmière Magazine n° 274 du 01/03/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 274 du 01/03/2011

 

BORDEAUX

ACTUALITÉ

ÉTABLISSEMENTS

À l’hôpital de Bordeaux-Bagatelle, des infirmières jouent un rôle de premier plan dans la prise en charge des patients porteurs de plaie.

Au Centre de diagnostic et de traitement des plaies chroniques, ouvert en mai dernier à la Maison de santé protestante de Bordeaux-Bagatelle (Gironde), les infirmières ne sont « pas des exécutantes, assure Patricia Bocquet(1). Nous ne sommes pas là que pour faire un soin. Le soin, c’est l’aboutissement du travail commun. Nous participons complètement au projet thérapeutique et à la prise en charge du patient. » Cette prise en charge commence par une consultation d’au moins 80 minutes. L’in­firmière constitue un dossier qui recense, notamment, l’historique médical et chirurgical du patient, ses traitements, ses éventuelles allergies, des données sur son mode de vie, les coordonnées d’une personne-ressource et tout document utile, tel un doppler.

Synthèse en binôme

L’infirmière évalue la plaie en proposant un diagnostic étiologique. Avec ces questions : de quand date la plaie ? Comment s’est-elle développée ? Une évaluation de la couleur indique son stade. Sont aussi mesurées ses hauteur, longueur et profondeur. Un examen de la peau péri-lésionnelle donne une orientation diagnostique. L’infirmière s’interroge sur la nécessité de pratiquer des examens complémentaires (biologiques, bactériologiques, radiographiques, génétiques, etc.). Elle estime le degré de gravité et procède, sur les plans quantitatif et qualitatif, à une évaluation de la douleur. Puis à une évaluation nutritionnelle. Une synthèse, enfin, est réalisée en binôme avec le médecin, et les modalités de la prise en charge établies en accord avec le patient, le médecin traitant ou encore les IDE libérales. Sont évoqués les éventuels retards de cicatrisation et le pronostic.

L’infirmière, qui établit le planning des rendez-vous, s’assure aussi, entre autres, de l’éducation thérapeutique ou des contentions, « toutes ces petites choses au quotidien qui font que ça marche mieux quand les patients ont les bonnes informations ». Elle tisse également les liens ville-hôpital.

« En dehors de cette unité, on travaille aussi sur un plateau multidisciplinaire, sans lequel on ne peut pas monter un centre de cicatrisation », ajoute le dermatologue Pascal Toussaint, se félicitant de la proximité des autres praticiens. Un tel centre entend offrir « une prise en charge globale » et réduire les délais de cicatrisation en tentant, notamment, « d’améliorer le circuit du pa­tient ». Dans cet hôpital à but non lucratif participant au service public hospitalier(2), il permet aussi de « diversifier les activités. Nous sommes devenus le deuxième service le plus rentable de l’hôpital en six mois. » Rançon du succès : l’attente avant consultation peut atteindre trois semaines.

1– Lors de la 15e Conférence nationale des plaies et cicatrisations, le 17 janvier.

2– Désormais Espic : établissement de santé privé d’intérêt collectif.

DOUBLE UNITÉ

CONSULTATIONS ET HOSPITALISATION

→ Le centre se compose d’une unité de consultations et de soins externes (où travaillent, notamment, trois IDE à plein temps, dont deux titulaires d’un DU plaies et l’une d’un DU douleur) et d’une unité d’hospitalisation de dix lits (en majorité pour la détersion et la greffe), commune à celle de soins de suite et réadaptation gériatrique. Un lit d’ambulatoire spécifique pourrait s’y ajouter.

→ Au centre, interviennent un dermatologue et un gériatre. Trois à cinq nouveaux patients, adressés par des médecins traitants ou spécialistes, ou des IDE, sont accueillis chaque matin.

→ Le centre, ouvert cinq jours sur sept, reçoit 25 à 30 patients par jour, qui consultent pour ulcères, plaies de pied diabétique, escarres, plaies cancéreuses…

→ Une consultation pour soins classiques dure, en général, quarante minutes.