LA VIOLENCE, PLAIE PERSISTANTE - L'Infirmière Magazine n° 273 du 15/02/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 273 du 15/02/2011

 

HÔPITAL

ACTUALITÉ

Les violences subies par le personnel semblent augmenter, tout comme les cas de maltraitance.

Une infirmière d’accueil des urgences victime d’un lancer d’imprimante de la part d’un patient. Une mère qui s’entend dire : « Votre fils coûte déjà bien cher à la Sécurité sociale. » Un chirurgien reprochant à un enfant de 14 ans d’être obèse. Un anesthésiste menacé de mort… La synthèse d’activité 2010 du pôle Santé et sécurité des soins (P3S) du Médiateur de la République(1) a de quoi interpeller. Elle signale une augmentation des cas de maltraitance ou de violence. En 2010, ils ont représenté 20 % des 13 723 requêtes reçues, contre 15 % en 2009(2). Parmi elles, 18 % émanaient de professionnels de santé.

Plus rassurant, l’information remonte de plus en plus facilement aux services du Médiateur(3). Depuis les 4 800 cas signalés au P3S en 2009, un an après sa création, le nombre de requêtes a presque triplé. En 2010, 2 175 dossiers ont donné lieu à « une analyse approfondie des pièces médicales et/ou une rencontre physique des acteurs concernés », par exemple via l’intervention d’un médecin médiateur. Le P3S rappelle, en outre, qu’il a mis en place, en septembre 2010, « une cellule d’accompagnement et de soutien des professionnels, qui intervient dans la prise en charge du stress post-traumatique », dans des situations de « rupture de dialogue avec les acteurs concernés ».

Tension multiforme

Au-delà des violences caractérisées, le P3S souligne la grande diversité des situations de tension observées à l’hôpital. Les événements indésirables médicaux ou chirurgicaux restent en tête des signalements (39 % du total). Les infections associées aux soins représentent 14 % des requêtes, et le non-respect des droits des patients compte pour 9 %. Le document, très riche, alimente aussi la réflexion sur de nombreux enjeux : combattre « l’usure des professionnels »; mieux faire connaître la loi Léonetti sur la fin de vie ; faire respecter la laïcité (le texte observe que de plus en plus de soignants arborent des signes religieux); ou encore, favoriser l’accès des détenus aux soins.

1– Document (20 p.) disponible ici : http://bit.ly/fWShJf.

2– Le P3S relaie aussi des chiffres de la Société hospitalière d’assurance mutuelle (Sham), constatant une hausse de 25 % des agressions physiques et verbales déclarées entre 2008 et 2009.

3– Numéro Azur du pôle Santé et sécurité des soins : 0 810 455 455 (prix d’un appel local).