QUE SAVONS-NOUS DE LA PROFESSION ? - L'Infirmière Magazine n° 270 du 01/01/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 270 du 01/01/2011

 

STATISTIQUES

ACTUALITÉ

Un document de la Drees fait le point sur la démographie infirmière en France, même si les diverses sources utilisables ne sont pas exemptes d’imprécisions.

Les infirmières ont beau être les professionnels de santé les plus nombreux de France, on manque de données statistiques fiables pour décrire leur profil et leurs comportements de carrière. En croisant trois sources principales (le répertoire Adeli des professionnels de santé, l’enquête Emploi de l’Insee et le recensement national), la Drees(1) estime s’approcher au plus près de la réalité.

Adeli faisait état, au 1er janvier 2009, de 502 500 infirmières actives de moins de 65 ans en France. Un chiffre à relativiser… D’abord, l’inscription étant gratuite, les infirmières ne se désinscrivent pas obligatoirement en cas de cessation temporaire ou définitive d’activité. Ensuite, elles tardent parfois à enregistrer leur diplôme(2). Enfin, les salariés non hospitaliers « oublient » massivement de s’inscrire. L’incertitude sur le nombre total d’infirmiers en France est, ainsi, « de l’ordre de +/- 3 % », lit-on dans un document de la Drees intitulé La profession infirmière : situation démographique et trajectoires professionnelles, rendu public en novembre.

40 ans en moyenne

En ce qui concerne l’âge des infirmières, le dernier recensement (2006) montre que la part de celles de plus de 50 ans et de moins de 30 ans augmente, passant respectivement de 18 % à 22 % et de 16 % à 20 % entre 1999 et 2006. Avec 16 % des effectifs, les 45-49 ans constituent la tranche de cinq ans la plus nombreuse. L’âge moyen, lui, est plutôt stable, à 40,2 ans.

Quant à la répartition par modes d’exercice, si les diverses sources présentent des écarts, « la prédominance de l’hôpital public est telle qu’elle n’est pas remise en cause par ces incohérences », notent les auteurs du document. Jugé plus fiable qu’Adeli sur ce point, le recensement fait état de 12 % d’infirmières libérales, 63 % d’hospitalières (secteurs public et privé confondus), 4 % exerçant en établissements pour personnes âgées, et 21 % classées parmi les salariés non hospitaliers (intérim, scolaires, etc.). Par ailleurs, si la population infirmière était féminine à 88 % en 2006, les hommes étaient plus représentés en libéral (17 %), mais moins parmi les salariés d’établissements pour personnes âgées (7 %).

Inégale répartition

Depuis 2000, Adeli indique que l’augmentation annuelle des effectifs infirmiers est, en moyenne, de 3,1 %, bien supérieure à celle de la population française (+ 0,7 %). En conséquence, la densité d’infirmiers âgés de moins de 65 ans pour 100 000 habitants augmente, passant de 633 en 2000 à 782 en 2009. « Un sentiment de pénurie semble perdurer » malgré tout, observent les auteurs. Cela s’explique, notamment, par « l’inégale répartition des infirmiers sur le territoire »(3). Le croisement de la répartition par âges des infirmières au sein de chaque région et de la densité infirmière actuelle permet d’appréhender l’évolution des inégalités régionales. Globalement, les départs à la retraite seront, à l’avenir, plus nombreux dans les régions actuellement les mieux dotées, ce qui devrait aboutir à « une plus grande uniformisation de la répartition territoriale des infirmiers ». Avec, cependant, des points noirs comme les départements d’outre-mer, sous-dotés : la part des plus de 50 ans y atteint 28 %.

Davantage de spécialisées

Les sources diffèrent quant au nombre d’infirmières spécialisées (8,5 % selon Adeli, 14,2 % selon le recensement), mais toutes traduisent une augmentation de leur part dans l’effectif infirmier total. L’enquête Emploi montre qu’en 2008, « un peu moins d’un infirmier sur quatre » travaillait « à temps partiel » – un mode d’exercice plus fréquent chez les plus de 40 ans – et que près d’un sur trois travaillait de nuit.

1- Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère en charge de la Santé.

2- Il faut un délai de l’ordre de cinq ans pour que les diplômés d’une année s’inscrivent tous au répertoire.

3- Adeli témoigne de forts écarts : en Limousin, on compte 1 038 infirmières âgées de moins de 65 ans pour 100 000 habitants, contre 630 en région Centre et 624 dans l’ensemble des DOM.

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Retrouvez une version longue de cet article et le document de travail de la Drees à l’adresse suivante :

http://goo.gl/9JvdX