La loi Veil en péril - L'Infirmière Magazine n° 267 du 15/11/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 267 du 15/11/2010

 

ÉDITORIAL

Un enfant si je veux quand je veux. » Ce slogan des années 70 est, semble-t-il, toujours d’actualité. En plein tohu-bohu des retraites, les associations de défense de l’IVG ont manifesté, début novembre, pour dénoncer, entre autres, « la fermeture massive des centres d’interruption volontaire de grossesse », véritable menace pour le maintien du droit à l’avortement… Leurs craintes sont légitimes. La politique de santé actuelle met en péril la loi Veil. En cause : la réorganisation hospitalière, coupant financièrement dans les budgets des activités de santé « les moins valorisées », comme l’IVG ; et la résolution votée par le Conseil de l’Europe, début octobre, qui renforce la clause de conscience des médecins. Le planning familial estime que le texte vise « très directement l’accès au droit à l’avortement, à l’IVG, à certains soins palliatifs, à l’aide médicale à la procréation, et remet en cause la recherche sur l’embryon ». Il s’inquiète des « confusions » possibles, notamment de l’amalgame « entre liberté de pensée ou de religion, qui relève du domaine strictement personnel, et éthique et professionnel, qui concerne l’égal accès des soins de qualité ». Aujourd’hui, des femmes ne peuvent avorter car certains établissements ne prennent pas en charge les patientes dont la grossesse a dépassé dix semaines. Et je ne parle pas des dispositions pour les mineurs et les sans-papiers, prises de manière très inégale en France. Force est de constater que la loi Veil semble être dans le collimateur masqué du gouvernement. Le droit à l’avortement ne peut survivre sans moyens, lui les ôter reste une manière, perverse, de l’empêcher d’exister.