L’INFIRMIÈRE UNIVERSITAIRE A-T-ELLE UN AVENIR ? - L'Infirmière Magazine n° 264 du 01/10/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 264 du 01/10/2010

 

ACTUALITÉ

CHRONIQUE

Longtemps cantonnée au rôle de technicien du soin et de vitrine du service public, l’infirmière d’aujourd’hui essaie de s’imposer comme « ingénieur du soin », une nouvelle identité au service de la production des savoirs. De nombreuses universités, encouragées par la réforme LMD et la loi HPST, proposent toute une série de diplômes accessibles aux infirmières (DU, licences, masters, doctorats). Ce qui légitime le combat pour la reconnaissance de l’expertise en soins infirmiers.

Mais une fois les diplômes obtenus, comment ces nouvelles compétences sont-elles utilisées, reconnues et rémunérées ? La question reste sans réponse, même si bon nombre d’infirmières mettent à profit leurs savoirs sans aucune revalorisation sociale ni salariale – les seules spécialisations reconnues étant celles d’Ibode, d’Iade et de puéricultrice, ainsi que la fonction de cadre de santé.

Des statuts intermédiaires voient le jour, tels ceux d’« infirmier coordinateur » ou d’« infirmier chef de projet »… S’ils pallient la pénurie de cadres, ces titres n’apportent pas de perspective d’évolution. Dans le secteur public, ils sont donnés à une infirmière en soins généraux pour officialiser ses responsabilités. Alors que dans le privé, ils sont financés à hauteur de l’investissement qu’engage une telle formation, et de la plus-value qu’impliquent ces compétences.

Peut-on accepter qu’un soignant se voie proposer, après un master de sciences cliniques infirmières, de diagnostics infirmiers ou d’ingénierie de l’éducation thérapeutique, un poste d’infirmier en soins généraux avec un salaire a minima (sans compter la perte des primes et de l’indemnisation des gardes) ? Dans ce contexte, comment motiver toute une profession à s’investir, communiquer et développer la recherche infirmière ?