Service limité ? - L'Infirmière Magazine n° 259 du 01/04/2010 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 259 du 01/04/2010

 

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Partenaires de soins

Destiné aux jeunes jusqu'à 25 ans, le service civique volontaire intéresse peu le coeur de métier infirmier dans les ONG.

Interventions d'urgence, action humanitaire, sensibilisation des jeunes à des thématiques de santé comme l'obésité ou le sida... Voilà quelques-unes des missions réalisables via le service civique volontaire, en France ou à l'étranger, pendant six à douze mois, auprès d'organisations non gouvernementales (ONG), d'associations, de fondations ou d'organismes publics.

expérience solidaire

Ce dispositif, créé par une loi promulguée en mars, vise prioritairement les jeunes de 16 à 25 ans. Il pourrait donc concerner des étudiants infirmiers ou des IDE. La Croix-Rouge française, notamment, évoque de possibles missions d'éducation à la santé volontiers attribuables à de jeunes infirmières. « Mais pas forcément dans leur coeur de métier, pas en tant qu'infirmières. Il s'agit d'une expérience de solidarité, non de travail déguisé ! », commente Caroline Soubie, responsable du service jeunesse.

En revanche, le service civique n'intéresserait pas les structures qui recourent à des infirmières plus chevronnées (donc plus âgées) et sous statut de volontaire de solidarité internationale (VSI). Ainsi, l'ONG Cefode fait appel à des IDE si possible diplômées en médecine tropicale, essentiellement pour former du personnel de santé en dispensaires et faire de la prévention dans des villages. Tandis que le service civique, selon la déléguée générale Françoise Materne, représente « plutôt un volontariat d'initiation et de découverte ». Action contre la faim, de son côté, demande aux infirmières deux ans d'expérience car « il faut avoir les épaules déjà bien solides dans un pays en guerre ».

Le même critère est invoqué, en premier lieu, par Médecins sans frontières, pour expliquer un non-recours au service civique. Les équipes de Médecins du monde, de leur côté, s'appuient à l'étranger sur les VSI, et en France sur des bénévoles.

dans l'intérêt des pays

Pour autant, des ONG réfléchissent. Et ne ferment pas toutes la porte au service civique pour des infirmières. Cela dépendra des occasions se présentant, mais aussi de l'intérêt « des partenaires des pays du Sud », indique la Délégation catholique pour la coopération (DCC). Même credo au Défap (service protestant de mission) : « Il est possible que nous y fassions appel, si cela ne se fait pas au détriment d'autres dispositifs. »

indemnisation

L'État a annoncé que le budget annuel atteindrait un demi-milliard d'euros en 2014. Les volontaires, socialement couverts, sont indemnisés jusqu'à 640 euros par mois. Un montant plutôt faible, pour certains. Pas illogique, selon Martin Hirsch, ex-haut commissaire aux Solidarités actives et à la Jeunesse, pour qui ce service ne doit pas être considéré comme un emploi, mais comme « un engagement indemnisé ».

Et ambitieux. Le gouvernement attend 10 000 jeunes dès 2010 et pas moins de 75 000 par an d'ici à 2014. Avec la volonté affichée, notamment sur son site Internet (1), de faire plus simple et mieux que le service civil volontaire. Celui-ci, institué en 2006, dix ans après l'annonce de la fin du service militaire obligatoire, n'a pas franchement trouvé son public.

1- Sur service-civique. gouv. fr, annonces, témoignages, explications de Martin Hirsch...