Les groupements divisent - L'Infirmière Magazine n° 247 du 01/03/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 247 du 01/03/2009

 

Psychiatrie

Actualités

Santé

L'une des principales recommandations du rapport Couty sur la psychiatrie et la santé mentale suscite la controverse.

Le 29 janvier, la commission présidée par édouard couty a rendu son rapport (1), intitulé « Missions et organisation de la santé mentale et de la psychiatrie ». Le document recommande notamment la création de « groupements locaux de coopération » (GLC) pour la santé mentale, qui regrouperaient les soignants du public et du privé, les élus, les travailleurs sociaux, les responsables des secteurs du logement et de l'emploi pour gérer la prévention, le diagnostic précoce, les soins psychiatriques et somatiques ambulatoires, la réinsertion et la réhabilitation psychosociale. Trop complexe pour fonctionner ? La Confédération des syndicats médicaux français juge ce dispositif voué à l'échec. Pour les associations de patients et de proches, le modèle proposé ne permet pas d'offrir un « cadre organisationnel cohérent adapté aux particularités du soin en psychiatrie ».

Adieu le secteur ?

Pire, trois membres de la commission représentant des syndicats hospitaliers (2) ont adressé une lettre à Roselyne Bachelot pour exprimer leur « étonnement » et leur « colère » quant au « rôle pivot » attribué aux GLC, rôle qui n'est, selon eux, « pas du tout conforme à l'esprit et au contenu des discussions du groupe ».

De nombreuses voix s'élèvent contre la fracture annoncée entre l'intra-hospitalier et l'extra-hospitalier, de nature à conduire au « morcellement de la prise en charge », selon la fédération CGT de la santé qui redoute « l'explosion » de la psychiatrie publique. De même, le Syndicat des psychiatres des hôpitaux craint que ce rapport ne « signe l'acte de décès du secteur. Derrière la volonté affichée de préserver la continuité des soins sectoriels, c'est bien sa disparition qui est mise en perspective en séparant la partie ambulatoire, confiée à un réseau au pilotage et au financement flous, de l'intra- hospitalier revisité à la sauce HPST [du nom du projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires », ndlr], et donc inclus dans le territoire médecine-chirurgie-obstétrique », ajoute-t-il.

« Bureau des usagers »

D'autres propositions sont en revanche saluées par tous les acteurs de la psychiatrie. Ainsi du renforcement du rôle des usagers en santé mentale - patients et familles -, que ce soit par le biais de la création d'un « bureau des usagers » au sein des établissements, où le malade pourrait s'informer sur ses droits et échanger avec l'équipe de soins, par le développement des groupes d'entraide mutuelle (GEM) ou encore par la présence des usagers dans les instances représentatives des personnes handicapées.

Également plébiscitée, la reconnaissance de la nécessité d'une grande loi spécifique à la psychiatrie, dont Roselyne Bachelot a annoncé la présentation au printemps.

1- Consultable sur http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr.

2- Rachel Bocher (INPH), Pierre Faraggi (CMH) et Norbert Skurnik (CHG).

Unités pour malades difficiles

Après le meurtre d'un étudiant par un malade psychotique échappé de l'hôpital psychiatrique de Grenoble en novembre dernier, Nicolas Sarkozy avait annoncé la création de quatre nouvelles UMD. Les sites retenus sont Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), Chalons-en-Champagne (Marne), Monestier-Merlines (Corrèze) et Albi (Tarn). Chaque projet est financé à hauteur de 10 millions d'euros pour 40 places chacun. Ces unités porteront à 10 le nombre total d'UMD en France.