Des soignants sous le feu - L'Infirmière Magazine n° 247 du 01/03/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 247 du 01/03/2009

 

Gaza

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Vingt-deux jours de combat sans répit ont laissé la bande de Gaza dans un état critique. Donatella Rovera, chercheuse en droit international, était sur place.

« Des quartiers entiers de gaza ont été rasés par les bombardements. il n'en reste rien, à part des décombres », raconte Donatella Rovera, chercheuse pour l'ONG Amnesty International. Le bilan atteint une ampleur que la bande de Gaza n'avait pas connue depuis des années. Côté palestinien, il faut compter 1 300 morts, dont plus d'une moitié de civils, et plus de 5 000 blessés. Côté israélien, 13 morts, dont trois civils, et quelque 200 blessés.

Visés par des missiles

Les infirmiers palestiniens travaillant dans l'humanitaire n'ont pas été épargnés par cette guerre. À ce jour, au moins douze d'entre eux, sont morts, et cinq au minimum sont blessés, déplore Donatella Rovera. « Cette guerre a été particulièrement vicieuse envers le personnel paramédical : des infirmiers, clairement identifiables, ont été visés par des missiles israéliens alors qu'ils étaient sortis de leur ambulance, portant un brancard pour rapatrier des blessés. Tous ces infirmiers ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions. L'armée israélienne empêchait le personnel soignant humanitaire de secourir, aussi bien les civils que les combattants blessés. Dans les deux cas, c'est une violation du droit international. Tous les jours pendant vingt-deux jours, les ambulances ont essuyé des tirs, et ce n'était pas par erreur. » Des hôpitaux ont été bombardés par des F-16. Plusieurs ont dû évacuer leurs patients en catastrophe dans la rue. L'hôpital pour enfants de Gaza, dont toutes les vitres ont éclaté lors des bombardements, a dû fermer.

Longues agonies

Parmi les témoignages recueillis, Donatella Rovera parle « des enfants blessés chez eux qui ont regardé leurs parents mourir sous leurs yeux, sans que personne ne puisse venir les secourir. Une mère a vu son enfant de 14 ans se vider de son sang. Elle a tenté de le recoudre avec une aiguille et du fil de couture. Il est mort au bout d'un jour et demi. Plus de 300 enfants sont morts. Ce qui est grave, c'est qu'une grande partie des blessés civils sont morts alors qu'ils auraient pu facilement être sauvés avec des soins. Ils sont morts après plusieurs jours d'agonie. » La chercheuse d'Amnesty International s'interroge sur les intentions de Tsahal (1). « N'est-il pas extraordinaire qu'une armée qui possède des armes de grande précision préfère utiliser des obus d'artillerie dans l'une des zones les plus surpeuplées au monde ? »

Phosphore blanc

Il est aussi prouvé que Tsahal a utilisé des bombes à phosphore blanc. Or, à Gaza, les médecins n'avaient jamais vu le genre de brûlures que provoque ce produit chimique. « Le chef de service du département des grands brûlés de Shifa m'a dit qu'il ignorait totalement qu'il s'agissait de brûlures au phosphore blanc, confie Mme Rovera. Il les a donc traitées comme des brûlures "normales". Ce faisant, il a sans le savoir aggravé les brûlures de ses patients, dont beaucoup sont morts. »

1- Nom donné à l'armée d'Israël.