Polluants et toxiques domestiques - Ma revue n° 294 du 01/07/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 294 du 01/07/2013

 

Prévention

Cahier de formation

LE POINT SUR

Acariens et parfois moisissures sont présents dans notre environnement. Ils peuvent être responsables de phénomènes irritatifs et de manifestations immuno-allergiques. Des mesures préviennent la survenue de moisissures et limitent l’impact des acariens.

Moisissures

→ Les moisissures sont des champignons microscopiques capables de coloniser de nombreux supports (bois, papiers, tissus, produits alimentaires…). Leur croissance se traduit par des tâches de tailles et de couleurs variées et, selon le degré d’atteinte, par une odeur caractéristique (odeur de moisi). La présence de gondolements, de signes d’infiltration d’eau peut indiquer la présence de moisissures.

→ Les moisissures se développent en abondance dans les environnements humides et mal ventilés (salles de bains, caves, etc.). À l’origine d’une humidité excessive : fuites, inondation, ventilation et aération insuffisante.

→ Selon l’Ademe, près de 37 % des logements présentent des contaminations en moisissures visibles ou masquées (au niveau des matériaux de construction, systèmes de ventilation…).

→ Aspergillus, Penicillium et Cladosporium sont les moisissures les plus souvent relevées dans les habitats.

Effets

Outre des manifestations immuno-allergiques, des effets toxiques et irritatifs leur sont attribués, notamment au niveau des muqueuses oculaires, nasales, bronchiques ou cutanées. L’aspergillose bronchopulmonaire invasive, due principalement à Aspergillus fumigatus, est une infection rare mais possible chez des sujets immunodéprimés, souvent constatée dans les services d’hématologie des hôpitaux, première cause de mortalité.

Prévention

→ Maintenir une hygrométrie comprise entre 40 et 60 % si besoin en utilisant un déshumidificateur. Repérer et réparer rapidement les fuites et les infiltrations d’eau (toiture, tuyauterie, joints, maçonnerie, menuiserie…). Après un dégât des eaux, assécher rapidement et remplacer si besoin les matériaux les plus endommagés (tapis, matelas…). Éviter de faire sécher le linge à l’intérieur de la maison ou, sinon, le faire dans une pièce bien ventilée et aérer deux fois par jour pendant quelques minutes. Éviter plantes et aquarium ou les bannir de la chambre d’un sujet allergique. Entretenir régulièrement les systèmes de ventilation. Si l’usage d’un humidificateur est recommandé, ne le faire fonctionner que la nuit et aérer la pièce la journée. Nettoyer régulièrement l’humidificateur.

→ Maintenir une température entre 18 et 22 °C maxi.

→ Aérer et ventiler (VMC réglée en débit maximal), notamment après les activités qui produisent beaucoup d’humidité. Lors des activités de cuisine, penser à mettre en route la hotte aspirante.

→ Utiliser un aspirateur équipé de filtres Hepa* qui filtre les allergènes (acariens, moisissures…), les bactéries, les virus (mais pas les polluants chimiques). Éviter de faire le ménage en présence de la personne allergique.

→ Sujets immunodéprimés : les patients sortant des services d’hématologie sont les plus à risque de contracter une aspergillose, le retour à domicile se faisant le plus souvent alors que le patient n’a pas récupéré un statut immunitaire suffisant. Avant son arrivée, il faut nettoyer de façon approfondie les pièces de la maison : nettoyage et désinfection des surfaces, suppression des tapis, moquettes, ou les aspirer à fond (aspirateur muni d’un filtre Hepa), éliminer les plantes, aquarium, fleurs séchées, nettoyer la voiture qui sera éventuellement utilisée par le patient.

Traitement

→ Si des moisissures apparaissent, les éliminer avec de l’eau de Javel (à ne pas mélanger avec d’autres produits, notamment ammoniaqués ou acides tels que les détartrants, des dégagements de chlore pouvant provoquer des irritations oculaires, pharyngées et respiratoires).

→ Ne pas camoufler les tâches de moisissure avec de la peinture : celle-ci ne détruit pas les moisissures et ne les empêche pas de croître.

→ Les Conseillers médicaux en environnement intérieur (CMEI) agissent sur demande d’un médecin généraliste et peuvent se déplacer au domicile des personnes pour effectuer un diagnostic sur l’origine des moisissures, et pour apporter des conseils sur la qualité de l’air intérieur (www.cei-france.fr).

→ L’intervention d’une société spécialisée est recommandée si la moisissure dépasse 3 m2.

Acariens

Les acariens colonisent poussières, moquettes, tapis, rideaux, peluches, etc. Ils apprécient la chaleur et l’humidité. Les substances allergisantes se trouvent dans leurs déjections et les débris de la carapace qui pénètrent en profondeur dans les poumons.

Effets

Chez les patients allergiques, ils sont à l’origine d’une rhinite chronique (obstruction nasale, rhinorrhée…) associée parfois à une conjonctivite, voire à une dermatite atopique. Non traitée au cours de l’enfance, cette rhinite allergique peut évoluer vers un asthme.

Mesures d’éviction

Elles accompagnent le traitement symptomatique de l’allergie et la désensibilisation.

→ Certaines sont générales : aérer les pièces 5 à 15 minutes 1 à 2 fois par jour, et notamment au cours des activités ménagères, été comme hiver ; entretenir les systèmes de ventilation ; maintenir d’une température inférieure à 22 °C ; utiliser un aspirateur muni d’un filtre Hepa.

→ D’autres sont spécifiques : limiter les “nids à poussières” (tapis, moquettes, rideaux, bibelots…) ou recourir aux acaricides (leur action est limitée car ils n’éliminent pas les allergènes); laver fréquemment la literie, même à basse température, pour éliminer mécaniquement les allergènes (drap, housses de couette, etc., tous les 15 jours, peluches, oreillers, couettes tous les 3 mois) ; utiliser des housses anti-acariens sur les matelas ; préférer un nettoyage humide au simple balayage ou dépoussiérage pour éviter de remettre en suspension les poussières, puis aérer pour évacuer l’humidité.

* La dénomination Hepa (Haute efficacité pour les particules aériennes) s’applique à tout dispositif capable de filtrer, en un passage, au moins 99,7 % des particules de diamètre supérieur ou égal à 0,3 µm.

Impact des moisissures sur la santé

Outre des manifestations immuno-allergiques, des effets toxiques et irritatifs sont attribués aux moisissures :

→ manifestations allergiques : les substances (protéines, polysaccharides…) qui composent les moisissures et les spores sont reconnues comme étant allergènes. Tous types d’allergie peuvent survenir : rhinites, bronchites allergiques, dermatites allergiques… La présence de moisissures est un facteur de risque pour la majoration des symptômes de l’asthme (respiration sifflante, toux) ;

→ mécanismes infectieux : l’aspergillose bronchopulmonaire invasive, due principalement à Aspergillus fumigatus, est une infection rare mais possible chez des sujets immunodéprimés. Elle est le plus souvent constatée dans les services d’hématologie des hôpitaux où elle représente la première cause de mortalité ;

→ effets irritatifs au niveau des muqueuses oculaires, nasales, digestives, bronchiques ou cutanées : ces effets sont liés aux particules fongiques elles-mêmes ou aux composés organiques volatils (COV, voir Polluants et toxiques domestique 1re partie de L’ILM n °293) produits par les moisissures lors de leur croissance (et responsables de l’odeur de moisi) ;

→ effets toxiques : l’exposition aux mycotoxines pourrait avoir des effets délétères sur les voies respiratoires et être à l’origine de symptômes généraux non spécifiques : maux de tête, maux de gorge, etc.