Les brossettes interdentaires - L'Infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020

 

Hygiène dentaire

CAHIER DE FORMATION

POINT SUR

Caroline Bouhala*   Dr Valentin Garyga**   Dr Lequart***  


*chirurgien-dentiste à Lyon (Rhône)
**chirurgien-dentiste et membre de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD)

Une brosse à dents permet d’accéder à trois des cinq faces d’une dent, soit 60 % de la surface dentaire. Les brossettes interdentaires complètent le brossage par le nettoyage des espaces étroits situés entre les dents.

À quoi servent-elles ?

Les brossettes interdentaires servent à désorganiser et à retirer la plaque dentaire comme le font les brosses à dents. Les brossettes sont insérées entre les dents, lorsque l’espace inter-dentaire est suffisamment large, pour brosser :

- les faces “proximales” d’une dent, c’est-à-dire celles en regard des dents voisines ;

- le sillon gingival, ou sulcus, formé entre la gencive et la dent. Cet espace, pauvre en oxygène, est propice à la colonisation par des bactéries pathogènes pour la gencive.

Une fois insérée, la brossette déploie ses brins dans cet espace et en éjecte les débris alimentaires présents.

Quel est leur intérêt ?

La plaque dentaire, une substance blanchâtre naturellement présente à la surface des dents, est un biofilm surtout constitué de protéines salivaires, d’aliments (sucres et acide), de bactéries et de leurs toxines. Si ce biofilm n’est pas désorganisé par le brossage, la résistance de la plaque augmente avec le temps et un écosystème s’organise. La charge bactérienne est à l’origine de la gingivite (lire l’encadré).

Le biofilm peut ensuite se minéraliser en incorporant des éléments apportés par la salive et former le tartre qui est une calcification de la plaque dentaire. Le tartre présente une surface rugueuse sur laquelle de nouvelles bactéries peuvent facilement se fixer.

Existe-t-il des contre-indications à leur utilisation ?

Non, il n’existe pas de contre-indication formelle à l’usage des brossettes interdentaires, mais des précautions à respecter. Elles ne sont notamment pas adaptées en cas d’espace interdentaire insuffisant ou de difficultés pour leur maniement.

Les brossettes interdentaires sont utilisables :

- par toute personne présentant des espaces interdentaires suffisamment larges ;

- par les enfants dès lors que deux dents de lait se touchent, éventuellement sous la supervision des parents et après avis du chirurgien-dentiste. Elles contribuent à les habituer très tôt à une bonne hygiène dentaire ;

- par les porteurs d’appareils dentaires, bridges ou implants, chez qui leur utilisation est particulièrement indiquée.

Comment les choisir ?

Selon la “règle des 3F”

Une brossette doit :

- frotter, grâce à des brins assez longs pour toucher les surfaces interdentaires des dents contiguës ;

- ne pas flotter, car des brins trop courts ne permettent pas un brossage efficace ;

- sans forcer, car une brossette trop grande présente un risque de léser la gencive ou la dent.

Selon les espaces interdentaires

Comme leur largeur varie chez un même patient, et qu’ils sont notamment plus importants entre les dents postérieures, plusieurs tailles de brossettes peuvent être nécessaires.

Selon l’usage

Choisir par exemple :

- une tête de brossette coudée ou flexible pour les espaces postérieurs ;

- un manche large et long en cas de difficultés de préhension.

Les chirurgiens-dentistes sont évidemment les mieux à même de choisir la ou les taille (s) adaptée (s), et d’en ajuster le diamètre après une gingivite, une fois l’œdème disparu. Dans l’attente d’un rendez-vous de contrôle, des packs comportant plusieurs tailles peuvent être utilisés. Exemples : Mixed Pack de TePe, Multipack de Gum (Sunstar), CPS 457 Pocket Set de Curaprox (Curaden), etc. Le pharmacien peut également conseiller différents modèles de brossettes pour une même taille en attendant une visite chez le chirurgien-dentiste.

Existe-t-il une brossette idéale ?

La brossette idéale comporte :

- un toron, fil métallique sur lequel sont positionnés les brins, suffisamment fin pour laisser de l’espace aux brins, mais assez épais pour ne pas se plier par inadvertance, et doté d’une longueur suffisante pour traverser l’espace interdentaire ;

- des brins assez souples et longs pour atteindre les faces dentaires.

Les brins se différencient par leur diamètre, leur densité, leur longueur et leur couleur ;

- une tête de brosse cylindrique ou très faiblement conique afin de brosser uniformément et d’éjecter les débris alimentaires. La partie fine d’une tête conique facilite l’insertion en s’adaptant aux différents espaces, mais présente un risque de brossage moins homogène et moins efficace pour éliminer les débris. La forme cylindrique est donc la plus souvent recommandée ;

- un manche facile à manier et adapté à la localisation ;

- des têtes coudées ou flexibles sont préférables pour les dents postérieures, les têtes droites ou flexibles pour les dents antérieures.

Quels sont les conseils d’utilisation ?

Avant ou après chaque brossage

L’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) recommande une utilisation avant le brossage afin de ne pas éliminer toute trace de dentifrice et de conserver l’action du fluor.

Pas de dentifrice

Inutile d’ajouter du dentifrice sur la brossette dont l’action mécanique est recherchée, sauf chez les patients à haut risque de carie comme les enfants, les adolescents ou les personnes âgées, ou en cas d’anorexie, de boulimie ou de reflux gastro-œsophagien, ou encore chez les consommateurs de sucres entre les repas, etc.

Humidification

optionnelle L’humidification avant l’usage peut assouplir les brins et faciliter l’insertion de la brossette, surtout usagée.

Insérer vers l’intérieur

Insérer la brossette horizontalement côté joue est plus simple que côté langue. Effectuer un ou deux va-et-vient, puis bien rincer. Secouer la brossette pour éliminer l’excès d’eau et la laisser sécher dans un endroit propre.

Renouvellement

Changer la brossette lorsque le fil métallique est trop déformé, en raison d’un risque de blessure, ou quand les brins sont aplatis, au risque de “flotter” dans l’espace interdentaire. La durée d’utilisation d’une brossette est de sept à dix jours.

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts

Gingivite et parodontite

Des gencives saines ont un aspect pâle, rose et ferme, et agissent comme une barrière fermement ajustée autour de la dent. Elles ne saignent pas lors du brossage des dents. En cas de gingivite, les signes d’une inflammation sont une rougeur et un gonflement de la gencive, qui peut saigner lors du brossage. Une inflammation gingivale qui s’installe sur le long terme mène à la parodontite, appelée communément déchaussement. Une parodontite est une maladie inflammatoire qui affecte le ligament parodontal, la gencive, le cément et l’os alvéolaire, détruisant l’appareil d’ancrage de la dent. La gencive perd progressivement son adhérence à la dent, la perte osseuse débute, les dents deviennent mobiles et peuvent tomber aux stades plus tardifs. Gingivite et parodontite, deux maladies des gencives, se développent lentement et souvent de façon indolore. Elles sont prévenues par un brossage dentaire et interdentaire quotidien et efficace et des consultations régulières chez un chirurgien-dentiste qui, sur la base de l’examen clinique, détectera les signes d’appel.