Le vaccin du partage - L'Infirmière Libérale Magazine n° 358 du 01/05/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 358 du 01/05/2019

 

ÉDITO

Stéphanie Hasendahl  

rédactrice en chef

C’EST « UNE MESURE FORTE POUR LE BIEN PUBLIC » QU’A PRISE AGNÈS BUZYN EN RENDANT OBLIGATOIRE LES ONZE VACCINATIONS PRÉCONISÉES CHEZ LES ENFANTS ÂGÉS DE MOINS DE 2 ANS, indique le Pr Alain Fischer, médecin pédiatre et immunologiste. Dans son édito du Bulletin de santé publique d’avril consacré à la vaccination, il souligne que le premier bilan de cette mesure, présenté quinze mois après son adoption, « prend toute son importance face aux craintes alors émises d’un possible effet contre-productif d’une mesure de contrainte ». Environ 98 % des nourrissons ont été vaccinés contre l’hépatite B, soit un gain de cinq points par rapport à 2017. La couverture contre les infections à méningocoque C est elle estimée à plus de 75 %, contre seulement 39 % pour la même période en 2017 ! Même les vaccins non obligatoires comme le vaccin contre les infections à papillomavirus humain (HPV) ont obtenu un petit gain de couverture vaccinale. « La confiance envers les vaccins revient au-delà même de l’obligation vaccinale, ce mouvement profite à la vaccination au sens large », veut croire Agnès Buzyn. Seule ombre au tableau, la vaccination contre la grippe. Pour la population cible, « on en est à 50 %, très en deçà des 75 % préconisés par l’Organisation mondiale de la santé », regrette la ministre. Il faut espérer que la multiplicité des acteurs (infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, médecins) permettra très vite de corriger le tir (lire p. 22). Il reste la question du faible taux de vaccination antigrippal des professionnels, qui atteignait difficilement 30 % selon les derniers chiffres de 2018. Plus que n’importe quelle campagne d’information, rien ne vaut le caractère exemplaire de la vaccination qui reste incitative et non obligatoire, comme l’a souhaité Agnès Buzyn, préférant en appeler à la responsabilité de chacun. Il ne s’agit pas d’enrichir les laboratoires pharmaceutiques, mais de préserver solidairement des vies. On osera l’image : la vaccination, c’est le Notre-Dame de la santé publique, l’œuvre de Pasteur qu’il faut protéger. La reconstruction de la confiance ne peut se faire qu’avec toutes les bonnes volontés.