Les sparadraps non élastiques - L'Infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018

 

Dispositifs médicaux

CAHIER DE FORMATION

Point sur

Caroline Bouhala  

Délivrés sur prescription ou sans ordonnance à la pharmacie, les sparadraps sont utiles au quotidien. Savoir les identifier, les choisir ou quand les utiliser, est donc important.

Les sparadraps sont des dispositifs médicaux de classe I (non stérile) possédant un support recouvert d’une masse adhésive. Cette masse adhésive peut éventuellement être recouverte par un élément protecteur retiré lors de la pose. Le support peut présenter différentes textures (non tissé, tissé, plastique) et être, ou non, perméable à l’air et à la vapeur d’eau.

Quelle utilisation ?

Les sparadraps non élastiques sont utilisés comme moyen de fixation pour un pansement, pour maintenir d’autres dispositifs médicaux ou, plus rarement, pour une utilisation dermatologique (ex : le sparadrap plastique occlusif) ou orthopédique (attelle de doigt dans le cas des sparadraps tissés).

Description

Un sparadrap est composé d’un support recouvert d’une masse adhésive.

→ Le support : il peut être en textile (tissé ou non tissé(1)) ou en matière plastique.

→ La masse adhésive : elle est le plus souvent composée de polymères qui présentent une bonne tolérance cutanée, en caoutchouc naturel (latex) ou synthétique ?(résine synthétique) mais peut aussi être à base de gel de silicone. Le type d’adhésif, comme l’association adhésif/support, aura un impact sur le pouvoir adhésif instantané, sur la durée de l’adhésivité et sur la tolérance cutanée du patient.

Présentation

→ En rouleaux : sur un dévidoir, une bobine simple centrale ou une bobine avec protecteur latéral monobloc (ou flasque) parfois associée à un fourreau de protection (appelé bobinot-fourreau).

→ Couleurs : le plus souvent blancs, ils peuvent aussi être de couleur chair ou transparents (pour les sparadraps en plastique).

→ Tailles : la plus petite largeur (1,25 cm) n’est pas prise en charge. Des largeurs de 2 cm existent mais, le plus souvent, c’est du 2,5 ou 5 cm. Les plus grandes largueurs sont de 20 cm, et les longueurs les plus fréquentes vont de 5 m à 10 m.

→ Annotations : on peut trouver utile de préciser une information sur un sparadrap, comme l’heure de pose d’un cathéter. Préférer des stylo-billes pour les supports tissés et non tissés, et un feutre pour les supports en plastique.

→ Version à trous : certains sparadraps tissés ont des versions perforées pour les grandes largeurs afin de favoriser la respirabilité de la peau.

Les catégories

La liste des produits et prestations remboursables (LPPR) classe les sparadraps en fonction du type de support, de l’extensibilité et du type d’adhésif :

→ Non tissés microporeux : support non tissé et masse adhésive à base de polymères. Ils sont indiqués pour la fixation sur zone sans frottement et sans tension notamment : fixation de pansements simples et peu épais ; fixation sur peau fragile (personne âgée et nourrisson, visage, œil…) ; fixation “légère” d’autres dispositifs (sonde nasale, canule, tubulure liée à des dispositifs de respiration, etc.).

→ Non tissés extensibles : leur caractère extensible leur permet de s’adapter aux mouvements et aux reliefs. Ils sont donc indiqués pour la fixation de pansements ou compresses sur articulation et relief anatomique.

→ Tissés : support tissé et masse adhésive à base de polymères. Pouvant supporter une forte traction, ils sont indiqués en cas de pansements volumineux, pour la fixation ou le renfort de fixation de dispositifs médicaux (poches de stomies, sondes de trachéotomie, sondes naso-gastriques, bandes, etc.) ou la confection d’attelle de doigts ou d’orteils.

→ En plastique : support en film transparent de type polyéthylène pouvant être occlusif selon la présence de microperforation sur le sparadrap. Leur transparence apporte plus de discrétion (notamment en chirurgie réparatrice et plaies du visage) et permet une bonne surveillance, comme lors de la fixation de tubulure. Les occlusifs sont indiqués notamment pour la protection de topique ou patch en dermatologie ou allergologie.

→ Autres : il existe une catégorie dite “autres sparadraps” qui compte une seule référence, celle du Micropore siliconé de chez 3 M, inscrit sous nom de marque. Support non tissé à base de fibres de rayonne et de polyester, avec liant en résine acrylique, et masse adhésive à base de gel de silicone. Il ne contient pas de latex. Il est réservé aux cas où la peau est fragile ou fragilisée. S’il existe en deux tailles (largeur de 2,5 ou 5 cm), seule la version 2,5 cm x 5 m est prise en charge.

Le bon choix

→ Pour quoi ? Un sparadrap tissé pour la fixation d’un élément lourd ou qui ne doit strictement pas bouger. Un sparadrap non tissé microporeux pour fixer un pansement ou élément léger.

→ Pour qui ? Pour les peaux fragiles, préférer les sparadraps non tissés microporeux ou un sparadrap siliconé.

→ Où ? Si c’est une articulation, préférer le sparadrap multi-extensible ou un autre support élastique. Pour le visage, opter pour un sparadrap plastique ou, en cas de peau fragile, un non tissé microporeux de couleur chair. Au niveau d’une zone de frottement (pas une articulation), préférer un sparadrap tissé. Pour les zones poilues, un sparadrap siliconé ou non tissé microporeux sera le plus indiqué.

→ Les allergies : attention, certains adhésifs sont fabriqués à partir de matières premières contenant du latex. Il faut donc vérifier l’absence d’allergie.

Conseils utiles

Préparation de la peau

→ Les sparadraps doivent être posés sur une peau non lésée, sèche, et non crémée afin qu’ils puissent bien s’accrocher à la peau et éviter tout risque de macération.

Application

→ Une légère pression lors de la pose aide à épouser les micro-reliefs de la peau et donc améliore l’adhésivité. Ceci est un peu moins nécessaire pour le Micropore siliconé qui, par sa texture gel, épouse plus facilement les reliefs de la peau.

→ La pose doit se faire sans tension au risque de créer des « cloques de tension ». Posé en tension, l’adhésif d’un sparadrap non élastique va tirer sur l’épiderme et peut, surtout sur une peau fragile, entraîner le décollement entre l’épiderme et le derme avec l’apparition d’une cloque. Ce phénomène se voit aussi lors de la formation d’un œdème, ce qui crée une tension sur le sparadrap. La cloque est surtout observée à la bordure du pansement. Pour minimiser le risque, poser le sparadrap en commençant par le centre puis lisser les bords.

Le retrait

→ Préférer un retrait parallèlement à la peau, en maintenant légèrement la peau afin de limiter le risque de lésions.

→ Opter pour un retrait lent pour les peaux fragiles, ou proposer une solution anti-adhésive.

→ À noter : les films adhésifs en polyuréthane doivent être retirés en tirant sur les bords pour casser la fibre.

1 - Le non tissé : ce terme correspond à un ensemble de fibres (plus courtes qu’un fil) naturelles (ex : cellulose), artificielles (ex : viscose) ou synthétiques (ex : polyester), liées par une action thermique, mécanique ou chimique et non par tissage ou tricotage. C’est un amas de fibres, sans structure réelle.

Le tissé : les fibres sont assemblées en un fil, qui va ensuite être entrecroisé de manière droite et parallèle avec d’autres fils.

L’auteure déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.

Info +

Retrouvez l’actualité des dispositifs médicaux dans le “Mémento” qui accompagne ce numéro.

Que dit la loi ?

→ La prescription par un médecin, une infirmière, une sage-femme ou un pédicure-podologue ouvre droit à une prise en charge, mais faite sur une ordonnance séparée, sans quantité maximale indiquée.

→ En juin 2017, la nomenclature LPP a été modifiée : les sparadraps élastiques et non élastiques sont désormais séparés en « sparadraps non élastiques » (toujours dans la sous-section des systèmes de maintien adhésifs) et « bandes adhésives », nouvelle sous-section ajoutée à la section 2 « Matériels de contention et de compression vasculaires ».

- Ils sont classés selon leur catégorie et leur surface en cm ?.

- Tous sont sous ligne générique sauf le Micropore siliconé (uniquement la taille 2,5 cm x 5 m).

- Ils possèdent tous un prix limite de vente mais qui est supérieur au tarif de prise en charge. Il reste donc un dépassement fixe à régler pour le patient.