Cette industrie mal aimée - L'Infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 353 du 01/12/2018

 

MÉDICAMENTS

ACTUALITÉ

Adrien Renaud  

Les entreprises du médicament (Leem) ont présenté mi-novembre leur sondage annuel sur l'image que se font les Français des produits pharmaceutiques. Résultats : la confiance dans les molécules reste élevée, mais la défiance demeure la règle en ce qui concerne l'industrie.

Levothyrox, Distilbène, Médiator… Ces scandales diffèrent dans leur nature et leurs conséquences, mais ils ont un point commun : leur extrême médiatisation. Ce qui aurait pu entraîner une sérieuse crise de confiance dans le médicament. Mais ce n'est pourtant pas ce que montre la dernière édition de l'Observatoire sociétal du médicament, sondage annuel réalisé par le Leem, principal lobby des entreprises pharmaceutiques en France.

L’enquête, effectuée par l'institut Ipsos entre fin août et début septembre dernier, auprès d'un échantillon représentatif de 1 000 personnes, révèle que 77 % des interrogés déclarent avoir confiance dans le médicament. Les scores sont à leur maximum pour les médicaments remboursés (84 % d'opinions favorables), et plus modérés pour ceux sans ordonnance (65 %). Sujets plus polémiques, les vaccins et l'homéopathie récoltent 71 % et 69 % de confiance respectivement.

Paradoxalement, alors que les médicaments ont une bonne image auprès des Français, les entreprises qui les produisent souffrent d’une cote d’amour dégradée : seuls 49 % des répondants disent leur faire confiance. Un chiffre que dédramatise Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, qui soulève que « la confiance s’érode dans tous les secteurs » et que le médicament ne fait pas exception.

Reste que le bulletin de notes adressé aux labos n’a rien pour leur valoir un tableau d’honneur. 63 % jugent ainsi qu'ils ne sont pas attentifs aux risques d'effets secondaires, et 64 % estiment qu'ils ne sont pas assez à l'écoute des patients. Pire, 66 % considèrent qu’ils ne sont pas éthiques, et 84 % leur reprochent un manque de transparence.

Les soignants au pinacle

Ne se fiant pas aux labos pour avoir des informations sur les médicaments, les Français ont tendance à se reposer sur les soignants en général, les infirmières en particulier : 91 % des interrogés jugent les IDE capables de les informer sur le sujet. La profession n'est dépassée que par les médecins traitants (92 %), et devance les médecins spécialistes (90 %), les chercheurs (87 %) ou les pharmaciens (84 %). « Ce sont des niveaux de confiance très élevés », note Brice Teinturier. De quoi mettre du baume au cœur de la profession.