Le traitement substitutif aux opiacés - L'Infirmière Libérale Magazine n° 347 du 01/05/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 347 du 01/05/2018

 

Addictologie

Cahier de formation

Point sur

Maïtena Teknetzian  

Le traitement substitutif aux opiacés (TSO) permet d’éviter un manque lié au sevrage à l’héroïne ou aux opiacés médicamenteux. Il peut faire appel à la buprénorphine, éventuellement associée à la naloxone, ou à la méthadone.

La buprénorphine (Subutex)

→ La buprénorphine est un agoniste partiel des récepteurs aux opiacés.

→ Du fait d’une biodisponibilité très réduite per os, elle s’administre par voie sublinguale. Les comprimés doivent être laissés sous la langue jusqu’à dissolution complète (en 5 à 10 minutes), sans rien boire ni manger pendant ce temps. La voie sublinguale est la seule voie efficace et bien tolérée.

→ Le détournement d’usage par voie inhalée (« sniff ») ou intraveineuse expose au risque de détresse respiratoire, d’intoxication aiguë, de complications infectieuses graves et d’abcès nécrotiques aux points d’injection.

→ L’utilisation de la buprénorphine est contre-indiquée chez le patient de moins de 15 ans, chez l’insuffisant respiratoire ou hépatique sévère et en cas d’intoxication alcoolique aiguë ou de delirium tremens.

→ Son association à la méthadone et aux antalgiques de palier III est contre-indiquée. L’association aux benzodiazépines majore le risque de détresse respiratoire.

L’association buprénorphine–naloxone (Suboxone)

→ Un mésusage de la buprénorphine par voie nasale ou inhalée peut justifier la prescription de Suboxone, s’administrant par voie sublinguale et associant deux principes actifs : la buprénorphine et la naloxone, un antagoniste opiacé, qui n’est pas absorbé par voie orale ni sublinguale et qui agit uniquement par voie injectable ou nasale.

→ La naloxone n’inhibe donc les effets de la buprénorphine qu’en cas de détournement de voie d’administration (induisant alors un syndrome de sevrage aigu dissuasif), mais pas lorsqu’il est administré par voie sublinguale.

La méthadone (Méthadone AP-HP)

→ La méthadone est un agoniste opiacé, privilégié en cas de grande précarité sociale, de polytoxicomanie, en cas de difficulté à gérer un traitement par buprénorphine ou d’échec de ce dernier.

→ La méthadone s’administre par voie orale sous forme de sirop unidose ou de gélules. Il faut conseiller au patient de boire de l’eau après la prise du sirop en raison de son amertume. Le traitement est toujours initié avec le sirop, qui expose moins au risque de mésusage que les gélules. Celles-ci sont réservées au patient déjà traité par le sirop pendant au moins un an.

→ La méthadone est contre-indiquée chez le patient de moins de 15 ans et l’insuffisant respiratoire sévère. Exposant au risque d’allongement de l’espace QT à l’ECG, elle est aussi contre-indiquée avec de nombreux médicaments pourvoyeurs de torsades de pointe (dompéridone, citalopram, hydroxyzine…).

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.

Info +

À relire, notre cahier de formation sur la pharmaco– dépendance et le sevrage.

L’Infirmière libérale magazine n° 344 de février 2018.

Conseils au patient pour gérer les effets indésirables du TSO

→ Bien s’hydrater en raison des risques d’hypersudation et de constipation.

→ Ne pas consommer d’alcool en raison du risque de somnolence.

→ Lors des changements de position, se lever doucement et progressivement pour éviter les vertiges et manifestations d’hypotension orthostatique.