Comme à la maison ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 346 du 01/04/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 346 du 01/04/2018

 

MODES D’EXERCICE

Actualité

Eléonore de Vaumas  

Le nombre de maisons de santé pluriprofessionnelles a explosé en dix ans. Mais toutes les infirmières libérales n’y trouvent pas leur compte. Certaines jugent leur travail non reconnu si elles n’intègrent pas un réseau Asalée.

D’une petite dizaine en 2006, les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) sont aujourd’hui plus de 1 000 et concernent 20 % des professionnels de santé, selon un constat avancé le 9 mars, à Nantes (Loire-Atlantique), lors des 7es journées nationales de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS). Un bilan qui fait état d’une forte hétérogénéité, tant du point de vue organisationnel que géographique. Si la signature entre l’Assurance maladie et les maisons de santé de l’accord conventionnel interprofessionnel (lire aussi p. 59) témoigne d’une volonté de pérenniser les subventions versées pour le travail en équipe pluriprofessionnelle, seules 538 MSP y ont adhéré. La société interprofessionnelle de soins ambulatoires permettant de percevoir ces modes de rémunération est un cadre contraignant que toutes les structures ne peuvent adopter.

Manque de reconnaissance

Les Idels ne se retrouvent pas toutes dans ce fonctionnement. Seul un tiers de ces structures accueille des infirmières Asalée (Action de santé libérale en équipe). La création de 100 postes Asalée équivalents temps plein dans les prochains mois est annoncée(1). « Le renforcement de ce protocole de coopération est un plus pour nos équipes », estime Pascal Gendry, président de la FFPMS. Mais la rentabilité financière n’est pas suffisante pour toutes les infirmières qui travaillent en MSP. « Le mieux serait qu’elles puissent faire en complément des actes péri-hospitaliers de type HAD », suggère Bernard Rivoal, médecin généraliste en MSP en Eure-et-Loir.

À Nantes, certaines infirmières se sont senties tenues à l’écart. « J’ai failli quitter la salle. La conférence d’ouverture s’adressait aux médecins et aux pharmaciens et portait sur la création de forfaits de rémunération qui ne concernent pas les infirmiers », s’insurge Nathalie, Idel en pôle de santé dans l’Ain. Toutefois, elle relativise : « Faire partie d’un pôle de santé permet d’avoir d’autres professionnels à qui parler, autour d’un cas complexe. C’est pour cela que j’y reste. » Certaines Idels estiment que leur travail en MSP n’est pas reconnu si elles n’intègrent pas un réseau de type Asalée.

Il manque aujourd’hui des données pour une évaluation à échelle nationale du travail interprofessionnel en MSP. En 2021, seront annoncés les résultats d’une vaste étude pilotée par l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), sur la base des données de l’Assurance maladie et de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Elle montre déjà une augmentation nette, en MSP, du nombre de patients suivis pour le même nombre d’heures de soins, une meilleure qualité des soins et des services, et l’amoindrissement de la dégradation de l’offre de soins, voire une amélioration de la démographie médicale, avec l’implantation de certaines structures(2).

(1) Mesure annoncée fin 2017 par la ministre des Solidarités et de la Santé.

(2) Julien Mousquès, Fabien Daniel, « L’exercice regroupé pluriprofessionnel en maisons, pôles et centres de santé génère des gains en matière de productivité et de dépenses », Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), 2015 (lien : bit.ly/2HDJboS).

Articles de la même rubrique d'un même numéro