PLAIES ET CICATRISATION : Une étude inédite - L'Infirmière Libérale Magazine n° 345 du 01/03/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 345 du 01/03/2018

 

PLAIES ET CICATRISATION

Actualité

Caroline Bouhala  

Publiée dans The Lancet Diabetes & Endocrinology, une étude d’Urgo Medical en double aveugle auprès de patients diabétiques souffrant d’un ulcère de pied démontre l’intérêt du pansement interface Urgostart.

« On n’aurait jamais pu rêver d’une publication sur les pansements dans une telle revue », a commenté Christine Faure, pharmacien hospitalier à Montpellier, lors des Journées cicatrisations, en janvier à Paris, à propos du travail paru dans The Lancet Diabetes & Endocrinology(1). Cet article présente l’étude Explorer, réalisée auprès de 240 patients diabétiques souffrant d’un ulcère du pied d’origine neuro-ischémique. Pendant vingt semaines, ils ont bénéficié du même protocole de soins, à l’exception du pansement interface utilisé : pour la moitié d’entre eux, l’Urgostart, composé d’une trame lipido-colloïde (TLC) imprégnée de NOSF (nano-oligosaccharide factor) ; pour l’autre, un pansement dit neutre, l’UrgoTul, TLC sans NOSF. Deux pansements proches, différenciés, donc, par la présence ou non de NOSF.

Après vingt semaines de traitement, le groupe traité par Urgostart a présenté un taux de cicatrisation de 60 % supérieur à celui du groupe contrôle (48 % vs 30 %). De plus, le temps de cicatrisation a été réduit, passant de 180 à 120 jours. Les résultats mettent donc en avant l’action favorable du NOSF, dont l’étude montre qu’il s’agit du sucrose octasulfate, dans le traitement de l’ulcère du pied diabétique de type neuro-ischémique, d’autant plus lorsque la prise en charge est rapide, pour une plaie de moins de trois mois. Les évènements indésirables, quant à eux, ne se sont pas avérés statistiquement différents.

Méthodologie rigoureuse

La particularité de l’étude est la rigueur de la méthodologie. « C’est une étude contrôlée, c’est-à-dire comparative, randomisée (l’attribution du pansement a été décidée par tirage au sort) et menée en double aveugle (ni le médecin, ni le patient ne savaient la nature du pansement utilisé), a expliqué le Dr Serge Bohbot, l’un des coauteurs de l’étude, directeur médical chez Urgo Medical, lors d’une conférence de presse organisée par le laboratoire, le 9 février à Paris. La nature du pansement était non reconnaissable d’un groupe à l’autre. Au niveau des preuves cliniques, on répond aux exigences les plus élevées. »

Cette rigueur est peu fréquente car, comme l’explique Christine Faure, « le double aveugle est particulièrement difficile pour les dispositifs médicaux ». « En raison de l’absence de preuve d’efficacité, il n’y avait aucune recommandation sur les pansements à utiliser dans ce type de plaie, a ajouté le Pr Agnès Hartemann, chef de service de diabétologie à La Pitié Salpêtrière (AP-HP), lors de la conférence de presse. Les recommandations internationales disaient qu’au fond, il suffisait de mettre le pansement le moins cher car cela ne changerait pas la donne. » « Pour la première fois au monde, poursuit le Dr Bohbot, il est démontré qu’un traitement local peut avoir une efficacité extrêmement significative sur le pronostic cicatriciel de ces plaies. » Traitement local qui, rappelons-le, constitue un élément parmi d’autres de la prise en charge, avec la décharge notamment(2).

(1) Lien raccourci vers l’étude, publiée en décembre en ligne et dans la revue en mars  : bit.ly/2pV5rqp

(2) Cf. les recommandations sur le site de la Société française du diabète.

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