De MSP en CPTS - L'Infirmière Libérale Magazine n° 336 du 01/05/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 336 du 01/05/2017

 

ORGANISATION DES SOINS

L’exercice au quotidien

Laure Martin*   Héloïse Chochois**  

Damien Nicolini, infirmier libéral, est à l’origine de la maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) Les Allées, à Corbeil-Essonnes (Essonne), membre d’un pôle, qui évolue pour devenir une Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS).

« La MSP que j’ai fondée en 2014 avec ma compagne, sage-femme, offre aux patients du territoire l’accès à 36 professionnels de santé libéraux(1). En 2010, j’avais l’idée du cabinet groupé. Une consœur m’avait alors parlé des MSP, que je ne connaissais pas. J’ai donc contacté le RIR Île-de-France(2), emballé par le projet, notamment parce que le territoire est classé en “zone fragilisée en offre de soins”. Ses représentants sont venus me rencontrer avec l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France et la mairie. Sans pour autant obtenir des financements publics… L’ensemble de nos professionnels de santé forment une équipe de soins primaires (ESP) en lien avec les pharmaciens et les laboratoires de biologie médicale du territoire. Nous sommes tous signataires d’un projet de santé et nous partageons le même logiciel informatique. Dès mai 2013, nous avons aussi lancé l’association Espace vie, devenue un pôle de santé, afin d’attirer les professionnels du territoire sud francilien, les sensibiliser à la prise en charge globale et à l’exercice coordonné. Aujourd’hui, l’association compte 300 adhérents, parmi lesquels les membres de plusieurs MSP, des médecins, des pharmaciens, des paramédicaux, des sages-femmes, le Centre hospitalier Sud Francilien, la clinique Les Trois Soleils, l’hospitalisation à domicile Croix Saint-Simon ou encore le Réseau kinésithérapie-bronchiolite Essonne. Avec la loi de modernisation de notre système de santé, le pôle est devenu une CPTS. Nous avons alors travaillé à l’élaboration de notre projet de santé. Pour cela, nous avons planifié un séminaire de trois jours. Puis nous avons imbriqué l’ensemble des propositions pour aboutir à un projet adopté par le comité d’administration. Nous avons ensuite déposé notre projet de santé à l’ARS, afin de contractualiser avec elle, et nous faisons désormais partie des équipes préfiguratrices des futures CPTS en Île-de-France. Peu importe comment on nous appelle, dans notre territoire, nous avançons. »

(1) Dix sages-femmes dont trois échographistes, six infirmières, une diététicienne, deux ostéopathes, deux pédiatres, un psychologue, trois médecins généralistes, un dermatologue, cinq orthophonistes et cinq masseurs-kinésithérapeutes.

(2) Le RIR (Regroupement, implantation, redéploiement) Île-de-France est issu de la volonté des Unions régionales des professionnels de santé de disposer d’un outil indépendant et professionnel pour mettre en perspective les problématiques d’offre de soins et de démographie médicale et paramédicale en Île-de-France.

À lire : la présentation des ESP et CPTS, pp. 56-57.

Jean-Jules Mortéo, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS)-Infirmiers Île-de-France

« À l’URPS, nous soutenons l’initiative de Damien Nicolini. Sa démarche nous intéresse, nous le voyons comme un laboratoire. Car il faut reconnaître que nous regardons ces nouveaux schémas d’organisation d’un œil circonspect. Comme tout ce qui vient de l’administration et des ARS, les projets sont formatés. On est dans le format “structures” avec des schémas élaborés par des institutions auxquelles nous sommes relativement étrangers. Pour le moment, il nous est difficile de faire la promotion de ce type d’organisation car, qu’on veuille nous organiser pour faire des activités de prévention ou de santé publique, pourquoi pas, mais le modèle reste flou. Pour que les professionnels du terrain adhèrent, il faut trouver un intérêt pour eux. D’autant que le temps passé à l’élaboration de ces nouveaux schémas n’est pas financé. »