Un appel au boycott des stages en libéral - L'Infirmière Libérale Magazine n° 327 du 01/07/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 327 du 01/07/2016

 

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Laure Martin  

ACTION > Après avoir mené en 2015 une expérimentation sur la formation au tutorat des Idels, l’URPS-infirmiers d’Île-de-France appelle désormais au boycott de l’accueil de stagiaires, faute de financement.

L’Union régionale des professionnels de santé (URPS)-infirmiers d’Île-de-France est déçue : son expérimentation sur la formation au tutorat des Idels n’a pas été reconduite par l’Agence régionale de santé (ARS).

Qui dit non-reconduction dit absence de financement, « alors que les médecins touchent 600 euros par mois », a dénoncé Christiane Kosacz, infirmière libérale et élue URPS, lors du Salon infirmier, fin mai à Paris. De plus, alors que l’article 118 de la loi de modernisation de notre système de santé prévoit que les actes réalisés par les étudiants puissent être facturés par les infirmières, les décrets d’application ne sont toujours pas parus. « Chaque infirmière fait ce qu’elle veut, mais nous encourageons au boycott des stages en libéral ; car pourquoi les Idels ne pourraient-elles pas être indemnisées alors que les médecins le sont ? », a soutenu l’élue.

1 200 places de stage potentielles

L’initiative de l’URPS était née de plusieurs constats. Tout d’abord, le manque de places disponibles pour accueillir des stagiaires. En 2011, 2 600 places de stage étaient déficitaires en Île-de-France. « Nous avons calculé que si 10 % des infirmières libérales d’Île-de-France prenaient deux étudiants en stage par an, cela permettrait d’ouvrir 1 200 places », a souligné Christiane Kosacz. Parallèlement, l’ARS a formulé sa volonté d’un virage ambulatoire et de favoriser l’apprentissage de l’exercice de proximité en rénovant les politiques de stage avec le développement de ceux en ambulatoire.

Une expérimentation positive

De fait, dans le cadre d’une convention avec l’ARS, l’URPS a permis à une cinquantaine d’infirmières libérales volontaires d’être formées au tutorat, afin d’encourager au développement du terrain libéral comme lieu de stage. « Pour pouvoir bénéficier de la formation, les infirmières devaient appartenir à un cabinet de groupe et exercer depuis au moins deux ans », a rapporté Christiane Kosacz. La formation était organisée pendant quatre jours, dont deux indemnisés dans le cadre du développement professionnel continu. Elle leur a permis d’acquérir des connaissances sur l’utilisation du portfolio ou encore sur le vocabulaire du nouveau référentiel. En contrepartie, toutes se sont engagées à recevoir deux étudiants – généralement de troisième année – pour dix semaines de stage. Elles ont alors perçu 100 euros par semaine de stage, pour indemniser la perte d’activité.

Quel avenir pour le tutorat ?

L’évaluation du dispositif s’est faite début 2016 via trois questionnaires adressés aux étudiants, aux infirmières libérales et aux Ifsi. Parmi les 79 % d’Idels qui accueillaient déjà des étudiants en stage, 68 % ont changé leur encadrement après la formation, 94 % se sont dites satisfaites de l’indemnisation et 100 % d’entres elles recommenceraient et recommanderaient la formation à un collègue. Du côté des étudiants, 72 % ont été très satisfaits de l’encadrement du stage et 26 % satisfaits.

Malgré ces avis positifs et l’inscription des stages en libéral dans la nouvelle loi de santé, l’expérimentation n’a donc pas été renouvelée par l’ARS et, de ce fait, l’indemnisation des infirmières n’est pas reconduite.