S’adapter au domicile | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 323 du 01/03/2016

 

PROFESSION

Actualité

Véronique Hunsinger  

ANALYSE > Par le biais d’un questionnaire auquel près de 300?Idels ont répondu, deux étudiantes infirmières se sont fait une idée assez précise des avantages comparatifs entre la ville et l’hôpital via une thématique originale : comment les Idels s’adaptent-elles aux contraintes du domicile ?

C’est une sorte de comparatif entre l’exercice en ville et l’exercice à l’hôpital auquel se sont livrées deux étudiantes de l’Institut de formation aux métiers de la santé Étienne-Villain à Sens (Yonne), Coralie Perrot et Sarah Nault, dans le cadre d’un exercice de travail de groupe. Pour y aboutir, elles ont diffusé un questionnaire via un certain nombre de pages Facebook (dont la nôtre), avec pour angle d’approche l’adaptation des infirmières au domicile. « Dans notre groupe, nous avions déjà fait un stage de dix semaines en libéral, donc c’était un terrain qu’on commençait à reconnaître, explique Coralie Perrot. On avait déjà constaté des particularités du libéral, ses contraintes et ses avantages par rapport à l’hôpital. »

Un environnement à maîtriser

Joli score, le questionnaire a reçu 287 réponses d’Idels de toute la France. Premier constat : 87 % des réponses montrent qu’il est nécessaire pour une infirmière de s’adapter à l’environnement du patient à domicile. « Nous avons choisi de mettre en avant quatre champs qui nous paraissent importants dans le libéral : l’hygiène, le domicile, la famille et les modes de vie », explique la jeune étudiante. Sur le premier thème, le constat montre que le sujet reste toujours une forte préoccupation des Idels : 61 % d’entre elles rencontrent des difficultés face à l’insalubrité des domiciles, 20 % à l’hygiène déficitaire et 19 % au refus des patients de se faire aider pour la toilette. « On voit déjà une grande différence avec l’hôpital où il est beaucoup plus facile de gérer cette question », estime Coralie Perrot.

Un lampadaire comme potence à perfusion

Et les différences ne s’arrêtent pas là. L’aménagement des domiciles oblige aussi les Idels à composer : personnes âgées qui veulent garder leur chambre à coucher à l’étage en dépit de difficultés à se déplacer, intérieurs encombrés qui compliquent l’utilisation d’un fauteuil roulant. 51 % des Idels interrogées se disent confrontées à des habitats non adaptés. Le manque de dispositifs médicaux que déplorent 23 % d’entre elles oblige également à trouver des astuces. Utiliser un lampadaire comme potence à perfusion (en attendant d’en prescrire un…) est un exemple d’adaptation au domicile. Autre élément qui n’a pas le même impact au domicile qu’à l’hôpital : la famille. Les Idels ont répondu à 47 % que celle-ci peut altérer la prise en charge, à 22 % être « hyperprésente » et à 31 % qu’elle peut être à l’origine de conflit. « Il y a souvent des familles qui n’acceptent pas la maladie et cela peut avoir un impact sur la prise en charge », explique Coralie Perrot. Le dernier point de comparaison est le mode de vie du patient. Pour 61 % des Idels de l’enquête, les habitudes de vie obligent à s’adapter, de même que les pratiques religieuses pour 19 % d’entre elles.

« Beaucoup d’aspects intéressants » à domicile

« À l’hôpital, ce qui est plus facile est d’être en équipe, de ne pas se sentir seule quand il y a une difficulté, comme une urgence médicale ou un décès, car le médecin est toujours accessible, contrairement au domicile, conclut Coralie Perrot. Il y a aussi l’avantage d’avoir toujours sous la main le matériel adéquat et des chambres adaptées à tout type de handicap. Dans le même temps, on voit que le travail de l’Idel à domicile présente beaucoup d’aspects intéressants, à commencer par le relationnel avec le patient qu’on connaît mieux que dans un établissement et avec qui on peut avoir des liens sur le long terme. Ce qui ressort enfin est l’indépendance des Idels qui se sentent beaucoup moins surveillées qu’à l’hôpital. » Si l’étudiante n’a pas encore une idée complètement précise de sa future carrière, il est fort à parier que l’exercice libéral en fera partie.