« Un confort en plus » - L'Infirmière Libérale Magazine n° 320 du 01/12/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 320 du 01/12/2015

 

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Françoise Vlaemÿnck  

NATUROPATHIE > Entretien avec Vincent Thomas, Idel mais aussi naturopathe à Royan (Charente-Maritime), dont le poster présentant des protocoles de prise en charge dédiés à des patients en soins palliatifs a été primé par la Sfap lors de son congrès, en juin à Nantes.

L’ILM : Comment est née l’idée de proposer une prise en charge intégrant des ressources naturopathiques ?

V. T. : À titre personnel, j’ai recours à la naturopathie depuis près de vingt ans. Je me suis formé à l’École de naturopathie de Paris. J’ai également des diplômes universitaires de phytothérapie, d’aromathérapie, de diététique et de nutrithérapie. Avec une collègue du cabinet*, spécialisée, également via des diplômes universitaires en soins palliatifs et en plaies et cicatrisation, nous avons beaucoup discuté de nos pratiques et avons imaginé une prise en charge infirmière alliant soins “classiques” et naturopathie, en l’occurrence l’aromathérapie, pour des patients en soins palliatifs. Notre objectif est de leur apporter un confort supplémentaire sans les surcharger davantage avec des traitements allopathiques alors que leur organisme a déjà été mis à rude épreuve. Il faut insister sur le fait que cette prise en charge n’est pas un substitut aux traitements médicaux mais exclusivement un complément dans une démarche de soins de support.

L’ILM : Quels sont les types de produits que vous avez utilisés et qu’avez-vous observé ?

V. T. : Ces protocoles sont mis en œuvre sur des huiles essentielles administrées par voie cutanée, per os et par diffusion atmosphérique. En fonction de la problématique, nous avons recherché l’huile essentielle la plus efficace, sachant que certaines peuvent avoir le même effet. Notre but a ainsi été de déterminer celle qui serait la mieux acceptée, au cas par cas, pour chacun de la dizaine de patients traités. Les résultats, dans l’ensemble, ont été bons dans le traitement des escarres, des prurits, de la constipation, d’abcès ou encore des troubles anxieux.

L’ILM : Est-il difficile de mettre en place ce type de projet ?

V. T. : Nous, nous considérons qu’il s’inscrit pleinement dans le cadre de notre rôle propre infirmier. Mais, bien entendu, il doit être réalisé avec l’accord du patient, de sa famille et du médecin traitant – et le cas échéant avec celui du pharmacien. En l’espèce, nous avons fait valider nos protocoles par deux médecins, dont l’un était naturopathe. Dans la pratique, il n’est pas toujours aisé d’assurer la continuité de ce type de soins car les Idels qui sont appelées à nous remplacer sont parfois réticentes à l’utilisation de ces méthodes de soins et peu sont formées à l’aromathérapie. Par ailleurs, ce type d’actes ne peut être coté et, pour le patient, n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale. C’est bien sûr un regret, car le coût du traitement est minime alors que le bénéfice est important. À l’issue du congrès, nous avons été contactés par un Ifsi en vue de présenter notre travail et par un établissement qui gère plusieurs Ehpad. Petit à petit, les choses avancent…

* Elle a rejoint, depuis, le service de soins palliatifs d’un centre hospitalier.